Les manifestants contre le pass sanitaire interrogent ce matin vos journaux. Ils représentent une nouvelle menace pour l’exécutif, titre L’Opinion. Plus de 200 000 personnes ont manifesté ce weekend, un chiffre en augmentation, de quoi craindre une « rentrée sociale animée », peut-on lire.
Manifestations des anti-vaccin : « Un mouvement populaire très français dans son inspiration » selon le chercheur Vincent Tournier
Cette mobilisation des anti-vaccin qui ne faiblit pas au cœur de l’été est-elle une menace pour le pouvoir ? C’est toute la question. Face aux manifestants qui prédisent de gonfler encore le mouvement, l’exécutif répète, un autre chiffre, repris dans vos quotidiens ce matin, celui de 533 000. C’est le nombre de personnes qui ont reçu une injection du vaccin, samedi, alors que les anti pass sanitaires battaient le pavé. 200 000 personnes dans la rue, le double dans les centres de vaccinations, une façon pour vos journaux de dire « Circulez, y’a rien à voir ». Mais le terrain est glissant, analyse L’Opinion, et le mouvement des anti-pass sanitaire peut aussi agglomérer les colères et les frustrations : « chômage, retraite, défense de la Sécurité Sociale ; les motifs de reprise de la grogne sociale ne manquent pas » écrit la journaliste.
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Alors qui sont ces anti-pass sanitaire ? Le Figaro interroge à ce sujet le politologue Vincent Tournier. Premier élément de réponse, le mouvement qui scande « liberté » depuis trois semaines n’a pas de couleur définie, le spectre politique est large. Très large. « Si on en croit les slogans des manifestants, on retrouve à la fois un imaginaire antifasciste (plutôt de gauche) et un imaginaire national (plutôt de droite) » analyse Vincent Tournier. Le point de convergence, c’est l’anti-étatisme et une défiance partagée vis-à-vis des dirigeants politiques et des médias. « Un mouvement populaire très français dans son inspiration » poursuit le chercheur qui a très peu de relais dans les élites intellectuelles . Il s’agit certes d’un mouvement sans tête, mais qui peut faire tache d’huile alors que la 4e vague se confirme dans les hôpitaux français.
La mairie de New York offre 100 dollars aux New Yorkais recevant une première dose
Et pour aller plus vite que le variant Delta, on vaccine, partout, tout le temps, même au camping ! Je vous invite à lire le savoureux reportage dans Le Monde daté de ce lundi 2 août, consacré au camping de la Dune dans le bassin d’Arcachon rendu célèbre par le film Camping -justement-, avec Frank Dubosc. Une bassine de vaisselle sous un bras, un cocktail au curaçao dans l’autre main, les campeurs peuvent se faire vacciner directement sur leur lieu de villégiature. C’est une initiative de l’hôpital d’Arcachon qui considère les campings comme des lieux ultra-stratégiques pour toucher des vacanciers parfois réfractaires à la vaccination. L’initiative est ambitieuse mais le résultat en demi-teinte, c’est ce qui ressort de la lecture de l’article.
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Pour vacciner davantage faut-il finalement une carotte ? C’est en substance ce que se demande La Croix, ce matin : « Les incitations financières à la vaccination sont-elles éthiques ? ». Depuis ce weekend, la mairie de New York offre 100 dollars aux New Yorkais recevant une première dose alors le quotidien a laissé une tribune à la philosophe et médecin Anne-Marie Moulin, qui nous apporte des éléments de réflexion. D’un côté, les adeptes de Kant : on doit suivre la loi pour elle-même et non par intérêt. De l’autre les tenants d’une vision pragmatiques et utilitaristes : « la fin justifie les moyens ». Force est de constater, dit la philosophe, que les annonces concernant le pass sanitaire répondent plus à la vision pragmatique, « je me fais vacciner. Car je veux une vie normale, aller au restaurant, au musée, voyager ».
Victoire Faure