Raphaël Enthoven était l’invité politique de la matinale de Guillaume Durand. L’écrivain publie L’Ecole des dames aux éditions de L’Observatoire, une relecture de l’Ecole des femmes de Molière sous le prisme du 21ème siècle et une réflexion sur l’émancipation des femmes, le théâtre, le désir et la vieillesse.
Raphaël Enthoven : « Monter sur scène est un vertige inégalé »
L’Ecole des dames, pièce de théâtre de Raphaël Enthoven plonge les dynamiques de l’œuvre de Molière dans notre modernité. Sa relecture change cependant quelque peu le personnage masculin pour traiter de l’émancipation de son pendant féminin, faisant de Colin, homme ayant trois fois l’âge de Jeanne, un acteur en bout de course qui fut le pygmalion de la jeune actrice : « après son premier Molière il voudrait qu’elle ne fasse pas de cinéma, alors il a l’idée de monter l’Ecole des femmes, lui dans le rôle d’Arnolphe et elle jouant Agnès (…) seulement le rapport des forces est inversé donc cela pose toute une série de problèmes ».
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Raphaël Enthoven a écrit ce texte en alexandrins dans l’idée d’en faire une déclaration d’amour au théâtre : « j’adore le théâtre, mais je le préfère encore sur scène (…) j’ai tellement aimé monter sur les planches, j’avoue que c’est un vertige et une volupté inégalée ». Véritable réflexion sur cet art, la pièce de Raphaël Enthoven explore les contradictions des deux protagonistes et différentes visions du jeu théâtral : « Colin considère que pour être un bon acteur il ne faut pas éprouver les passions qu’on joue (…) Jeanne, au contraire, considère que les bons personnages sont faits de nos passions ». Autre opposition, l’impuissance de Colin face au désir libéré de Jeanne : « la façon qu’elle a d’exercer sa liberté, prendre plusieurs amants, faire une fellation si c’est utile pour elle, est totalement indigeste à l’époque où nous vivons (…) Elle s’inscrit totalement dans le sillage d’Agnès qui, à l’image de certains personnages de Molière, est une véritable héroïne féministe ».
2022 : « Marine Le Pen représente très mal les suffrages qui se porteront sur elle » selon Raphaël Enthoven
Fin observateur de la vie politique, Raphaël Enthoven n’a pas manqué de commenter l’actualité, notamment la manifestations des policiers demandant une réponse pénale plus ferme pour les violences perpétuées à l’encontre des forces de l’ordre : « je note un paradoxe parmi ceux qui ont manifesté hier, nombre d’entre eux avaient ardemment soutenu les gilets jaunes, mouvement qui pendant 18 mois a tenté de faire passer la police républicaine pour vichyste et tyrannique (…) je vois là une dissonance cognitive massive ». Raphaël Enthoven fait remarquer certaines présences et absences à gauche de l’échiquier politique, notamment l’absence de La France Insoumise dont il critique le manque de cohérence : « les insoumis qui font au policiers le procès d’intention d’avoir secrètement un agenda sécuritaire (…) ceux-là étaient moins regardants avec les islamistes avec lesquels ils ont défilé il y a un an, à qui ils ne faisaient pas le procès d’avoir un agenda islamiste ». Néanmoins, il salue la présence de Yannick Jadot, qui prouve que la police est républicaine et non de droite : « je me réjouis que des élus de tout bord aient cru bon de manifester leur soutien ».
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Interrogé par Guillaume Durand sur la montée du Rassemblement National et de la levée des tabous accompagnant le vote à l’extrême-droite, Raphaël Enthoven estime que 2022 sera une nouvelle étape dans la création d’un nouveau paradigme et d’une nouvelle opposition idéologique : « les libéraux face aux souverainistes ou mondialistes face aux patriotes, selon le point de vue qu’on adoptera (…) S’il existe une classe politique libérale, il n’existe pas encore à mon avis d’opposition consistante à cela ». Ainsi, plus qu’une réelle progression de Marine Le Pen, Raphaël Enthoven y voit une absence d’opposition : « Marine Le Pen est la bénéficiaire provisoire et tout à fait incompétente de revendications disparates (…) elle représente très mal les suffrages qui se porteront sur elle ».
Rémi Monti
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