Le Grand-rabbin de France Haïm Korsia était l’invité de la matinale de Radio Classique, 10 ans après l’assassinat de 3 enfants et d’un professeur dans une école juive de Toulouse et de 3 militaires à Montauban. Au micro de Renaud Blanc, il a confié que la plaie était encore ouverte.
Emmanuel Macron et le président israélien Isaac Herzog se rendront à l’école Ohr Torah de Toulouse le 20 mars
Haïm Korsia participera ces prochains jours aux cérémonies d’hommage aux victimes de Mohammed Merah, surnommé « le tueur au scooter », qui a sévi à Toulouse et Montauban en 2012. Dimanche 20 mars, Emmanuel Macron et le président israélien Isaac Herzog se rendront à l’école Ohr Torah de Toulouse, l’un des lieux des attentats. « Aujourd’hui il faut encore se battre pour rappeler le nom des victimes », a souligné le Grand-rabbin de France, qui déplore qu’on cite plus souvent le nom de leur assassin. Il a tenu à plusieurs reprises lors de l’interview à nommer les victimes de ces attentats : Myriam Monsonégo, Arié et Gabriel Sandler, Jonathan Sandler, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad. Il appelle à inscrire leur nom « dans notre inconscient collectif », assurant que lors des manifestations suivant ces attentats en 2012, la communauté juive et les militaires se sont sentis seuls. « C’est comme si on disait : vous êtes juifs, commémorez leur mémoire entre vous. Ils sont soldats, alors c’est aux militaires de célébrer leur mémoire », confie Haïm Korsia.
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Haïm Korsia cite André Malraux : Les victimes de ces attentats étaient « le visage de la France »
Il salue les villes qui ont donné à des rues et des places le nom de ces victimes, c’est le cas à Sarcelles et à Paris, dans le 17ème arrondissement. « Ils étaient le visage de la France, comme dirait Malraux », poursuit-il, appelant à ne jamais oublier leurs noms. Depuis 10 ans, y a-t-il eu une forme de découragement au sein de la communauté juive ? « Sincèrement jamais », assure Haïm Korsia, « on a toujours confiance dans ce qu’est la France consubstantiellement ». Il reconnaît toutefois que depuis le 19 mars 2012, date de l’assassinat de 3 enfants et d’un professeur juifs, il n’y a plus d’« insouciance » chez les parents qui emmènent leurs enfants à l’école. Le Grand-rabbin de France pointe aussi que parmi les victimes de Mohammed Merah, il y avait un professeur, Jonathan Sandler, bien avant Samuel Paty, lui aussi victime d’un tueur antisémite. « Il y a là quelque chose qui est terrible, parce que on doit chaque fois se battre, non pas pour défendre cette mémoire, mais pour accompagner les familles », conclut Haïm Korsia.
Béatrice Mouedine