Mady Mesplé a été l’une des plus grandes sopranos coloratures de sa génération. Elle a triomphé dans les grands rôles du répertoire, en particulier celui de Lakmé de Léo Delibes. Mais elle a aussi chanté de la musique contemporaine. Depuis un quart de siècle, elle luttait contre la maladie de Parkinson.
La télévision a fait de Mady Mesplé une chanteuse connue et populaire
Mady Mesplé appartient au cercle fermé des artistes lyriques dont la notoriété a dépassé les salles d’opéras et de concert. Dans les années 1970 et 1980, elle a participé à de nombreuses émissions de télévision qui l’ont faite connaître et rendue populaire auprès d’un large public, dans un répertoire essentiellement tourné vers l’opérette, genre que finalement elle n’aura que très peu abordé, en dehors de plusieurs enregistrements sous la direction de Michel Plasson. Car Mady Mesplé, soprano colorature s’est illustrée dans tous les grands rôles rôles de cette tessiture : Lakmé, Gilda (Rigoletto de Verdi), Lucia, la Reine de la nuit (La Flûte enchantée), Olympia (Les Contes d’Hoffmann), Marie (La Fille du régiment de Donizetti), ou encore Zerbinette (Ariane à Naxos de Richard Strauss). Mady Mesplé, née à Toulouse le 7 mars 1931, commence l’apprentissage de la musique au Conservatoire de sa ville à l’âge de sept ans. Elle y étudie le piano, le solfège et aussi la composition. L’apprentissage du chant, consacré par un Premier Prix, viendra plus tard, après avoir abandonné non sans regrets la perspective d’une carrière de pianiste.
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Liège et Bruxelles assistent à ses débuts. Elle y fera son apprentissage en troupe
C’est loin de Toulouse et du Capitole, au sein de la troupe de l’Opéra de Liège, qu’elle fera ses débuts à l’âge de 22 ans, en 1953, dans le rôle de Lakmé, qui sera l’un des rôles de sa vie. Ce sont alors les années de formation, au cours desquelles elle va bâtir son répertoire, qui l’emmènera sur les scènes de France et de l’étranger. Après la troupe de Liège, vient celle de la Monnaie à Bruxelles, là encore pour un lent travail d’apprentissage et de confrontation aux grands rôles. Très rapidement, les portes des grandes maisons d’opéra s’ouvrent à elle : Garnier, l’Opéra-Comique, Lyon, Toulouse, mais aussi le festival d’Aix-en-Provence. Sa carrière devient internationale et la conduira sur les plus grandes scènes du monde, en particulier le Met où elle fait ses débuts en 1972. Éclectique, Mady Mesplé ne s’est pas enfermée dans un seul répertoire. « Elle aimait toutes les musiques, elle aimait profondément la musique » se souvient Alain Lanceron, le Président de Warner Classic, qui était proche d’elle. «Son horizon ne se limitait pas à Lakmé ou à Olympia » ajoute Christophe Ghristi le directeur du Théâtre du Capitole.
C’est ainsi que Mady Mesplé a aussi chanté Schoenberg, et qu’elle a abordé le répertoire contemporain en créant des pièces écrites pour elle par Betsy Jolas, Charles Chaynes et Paul Méfano.
« L’air des clochettes » de Lakmé, de Léo de Delibes.
Même après avoir arrêté de chanter, Mady Mesplé continuait à fréquenter l’opéra comme spectatrice
Mady Mesplé laisse une très importante discographie, dans le domaine de l’opéra, de l’opérette et de la mélodie, mais c’est sur scène que se sont exprimés tout son art et son talent. « J’en ai encore la chair de poule ! C’était Hollywood. Elle était belle, sensible, bouleversante. Elle avait une voix immédiatement reconnaissable, avec un vibrato rapide qu’elle utilisait à des fins expressives » explique encore Alain Lanceron, qui garde aussi le souvenir d’une « grande musicienne, excellente pianiste » et également d’une « femme courageuse, qui se battait depuis un quart de siècle contre la maladie de Parkinson ». Mady Mesplé s’était retirée de la scène dans les années 1980, tout en continuant à donner des récitals et à enseigner. Son amour de la musique l’amenait à fréquenter régulièrement les salles de concert, en particulier le Théâtre du Capitole de Toulouse. « Elle était passionnée de musique, d’opéra bien sûr, mais elle adorait aussi le récital. Je me souviens qu’elle avait assisté, à l’époque de Nicolas Joël, à un récital de lieders d’Hugo Wolf. A la fin du concert, elle m’a dit que c’était pour elle la plus belle musique du monde ! Elle avait l’amour des musiques exigeantes » raconte Christophe Ghristi.
Restent aujourd’hui ses nombreux disques, pour le plaisir de réécouter cette voix qui a marqué l’histoire du chant.
Jean-Michel Dhuez