« Vladimir Poutine a la conviction de jouer un rôle dans l’Histoire », selon la chercheure Anna Colin-Lebedev

Alexei Nikolsky/TASS/Sipa USA/SIPA

Loin d’un coup d’éclat, cette invasion de l’Ukraine est un plan fomenté de longue date dans la tête de Vladimir Poutine. Tout était là depuis plus de 10 ans, tout était prêt, tous les indices pointaient vers une action radicale, belliqueuse de la part du maître du Kremlin. Anna Colin-Lebedev, chercheure à l’université Paris-Nanterre estime qu’une étape a été franchie.

Vladimir Poutine peut aller plus loin que ce qu’on peut imaginer, selon Anna Colin-Lebedev

Quelle étape a été franchie, selon vous ?

C’est une attaque sur l’Ukraine qui est massive, préméditée, qui ne s’appuie pas sur une adhésion de la population ou sur une conviction adressée à l’opinion publique russe. Elle s’appuie sur l’idée d’une mission à accomplir par la Russie. Ce qui est mise en œuvre en Ukraine, c’est le scénario maximal, l’imprévisible, le radical, le maximal, l’irrationnel, des éléments qui font partie du répertoire d’action de Vladimir Poutine, il peut aller plus loin que ce qu’on peut imaginer.

Certains observateurs considèrent que Vladimir Poutine est devenu fou, qu’il est en mission suicide. Au pouvoir depuis plus de 20 ans, il prend enfin sa revanche sur l’Histoire ?

Les mandats se succèdent, Poutine prend de l’âge, il envisage peut-être que ce sont les dernières années où il peut faire quelque chose de décisif. A titre personnel, il a moins à perdre qu’on ne le pense. J’ai plutôt l’impression qu’on est face à un personnage qui n’est pas mû par un intérêt personnel, mais par sa conviction de jouer un rôle dans l’Histoire.

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Ce rôle, c’est celui qui rendra toute sa grandeur à la Russie ? C’est vraiment la mission personnelle qu’il s’est donnée ?

Oui, on a quand même l’impression que Vladimir Poutine n’est pas forcément soutenu, et lui, à titre personnel, porte cette idée d’une mission historique à accomplir. On a l’impression d’un projet qui a une part d’absolu. C’est un projet qui le dépasse, ce n’est pas un enjeu de conquête économique, ni pour gagner un couloir destiné à accéder à la mer Noire, on est bien au-delà. On est dans une redéfinition de ce qu’est la Russie, un « redessin » de ce qu’est la carte de l’Europe.

Ecoutez l’interview d’Anna Colin-Lebedev au micro de Laurie-Anne Toulemont : 

 

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