Variant indien : « Un danger majeur que la vaccination se fasse essentiellement dans les pays riches » affirme Odile Launay

Odile Launay était l’invitée de la matinale de Guillaume Durand ce lundi 3 mai. L’infectiologue à l’hôpital Cochin-Broca-Hôtel-Dieu a évoqué le calendrier de réouverture progressive alors que les services hospitaliers sont toujours sous tension. Elle a également souligné l’enjeu majeur qu’était une vaccination à l’échelle de tous les pays afin de contrôler la prolifération de nouveaux variants.

Vaccination : « La création d’un passeport vaccinal peut être le petit coup de pouce pour convaincre les sceptiques » déclare Odile Launay

Odile Launay estime le risque de rebond épidémique raisonnable si les réouvertures progressives qui s’opéreront à partir du 19 mai se déroulent dans la prudence : « on a tous envie de reprendre une vie plus normale, dehors, le risque de transmission est plus faible, alors si on est en extérieur, pas trop nombreux et essentiellement des gens vaccinés cela paraît tout à fait raisonnable ». Cependant, la situation sanitaire reste préoccupante pour l’infectiologue : « la situation est d’autant plus tendue que les hôpitaux et les personnels soignants arrivent à un moment où ils sont exténués (…) alors voir que certaines personnes continuent à refuser de se faire vacciner ou attendent et hésitent on a du mal à le supporter ».

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Ainsi, Odile Launay envisage un passeport vaccinal comme une incitation à la vaccination pour les réticents : « le nombre de doses disponibles est en train d’augmenter de façon considérable donc la création d’un passeport vaccinal peut être le petit coup de pouce pour se faire vacciner ». Pour convaincre les plus sceptiques, Odile Launay ajoute également des argument scientifiques et les bons bilans des pays où la vaccination a été massive : « il n’y a jamais 0 risques, mais plusieurs centaines de millions de personnes se sont fait vacciner dans le monde (…) et les pays qui ont beaucoup vacciné comme en Israël, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis sont très proches de retrouver une vie normale ».

 

Réouvertures progressives : « Si tout est ouvert le 15 mai l’épidémie va repartir » affirme Odile Launay

La situation pandémique internationale demeure très compliquée, et les flambées épidémiques en Inde ou au Brésil sont vues par beaucoup comme des bombes à retardements dans les pays occidentaux. Il est important, selon Odile Launay que la vaccination ne soit pas un luxe réservé aux pays riches : « l’enjeu majeur des mois qui viennent sera d’envoyer les vaccins aux pays qui n’en ont pas en nombre suffisant (…) En Inde la situation est différente car ils produisent leur propre vaccin, mais ils doivent accélérer leur campagne ». Concernant les mutations des virus dans ces deux pays, l’infectiologue rappelle que les vaccins restent efficaces contre l’entièreté des variants observés à ce jour : « le virus mute, mais les mutations arrivent à peu près tous au même niveau et aucune ne permet au virus d’échapper complètement à l’efficacité du vaccin (…) cela réduit un peu leur efficacité, mais les industriels ont déjà prévu de mettre à jour les vaccins pour qu’ils soient encore plus efficaces ».

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Appelée à donner un avis plus politique concernant les prises de décision d’Emmanuel Macron et son glissement progressif vers le déconfinement allant parfois à l’encontre des avis scientifiques, Odile Launay estime qu’« il a quand même été obligé de reconfiner, même si le confinement est plus soft qu’en mars 2020 (…) Le président a pris en compte la question sociale et considéré qu’un confinement dur aurait eu des conséquences encore plus sévère que ce que l’on a avec l’épidémie (…) On est en permanence sur un fil, actuellement, on voit que le nombre de cas diminue mais si on rouvre tout à la mi-mai on risque de faire repartir l’épidémie ». En effet, l’infectiologue souligne que la France se trouve toujours à un niveau élevé de contamination, même si la situation n’est pas vraiment similaire aux réouvertures de l’été 2020 compte tenu du niveau d’immunisation naturelle et vaccinale : « d’après l’institut Pasteur 20% des français ont été en contact avec le virus et sont immunisés, mais ces chiffres sont très différents selon les tranches d’âges (…) chez les plus jeunes, on a presque 30 voire 40% de la population qui est immunisée (…) mais on est loin d’une immunisation collective, car on estime à 80% ou plus le pourcentage nécessaire si on veut que le virus arrête de circuler ».

Rémi Monti

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