Les représailles arrivent. Dans la journée, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE va « donner le feu vert à un élargissement du cadre juridique » des sanctions contre la Biélorussie.
La Biélorussie a tout intérêt à entretenir son bras-de-fer avec l’Union Européenne
Ces sanctions pourraient dès lors s’appliquer « à tous ceux qui participent au trafic de migrants vers ce pays comme par exemple les compagnies aériennes ou les agences de voyages impliquées, en interdisant à leurs dirigeants de voyager et en gelant leurs actifs en Europe », a détaillé le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. A cela s’ajoutera une sanction immédiate, « dès aujourd’hui », pour « une trentaine de responsables de l’administration de Loukachenko qui sont impliqués dans cette crise ». Du côté de la Biélorussie, ces mesures sont « sans espoir » et « contre-productives », a réagi hier Vladimir Makei, le ministre belarus des Affaires étrangères. La Biélorussie a tout intérêt à entretenir le bras-de-fer avec l’Union Européenne car Loukachenko y voit une manière d’asseoir sa mainmise sur la population.
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« Ce qui est en train de se passer est à la fois un message adressé à l’Union européenne mais aussi à se propre population »
En entretenant le bras-de-fer avec l’Union européenne et en présentant l’Europe comme une institution sans cœur qui refoule les migrants à ses frontières, il renforce son autorité selon Alexandra Goujon, spécialiste de la Biélorussie : « Alexandre Loukachenko est avant tout préoccupé par la préservation du régime politique qu’il a mis en place. Ce qui est en train de se passer est à la fois un message adressé à l’Union européenne mais aussi à se propre population. Il veut montrer que l’UE défenseuse des droits de l’Homme n’est peut-être pas forcément ce qu’elle prétend être ». Mais aujourd’hui, Alexandre Loukachenko a peu de marge de manœuvre et se retrouve en quelque sorte, pris à son propre piège selon Milan Tcherni, chercheur associé à l’observatoire biélorusse de l’université d’Oxford : « Les citoyens irakiens, yéménites et syriens sont maintenant bloqués en Biélorussie. Le gouvernement irakien affirme qu’une liste de citoyens qui veulent être rapatriés va être mise en place. C’est un processus qui va prendre du temps et en attendant, ces migrants restent bloqués dans le centre de Minsk ». Sur place, les ONG décrivent une situation humanitaire très critique avec des émeutes de la faim et des violences de plus en plus fréquentes.
Emma Guessel
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