L’échauffourée intercommunautaire entre chiites et chrétiens qui a fait six morts ce jeudi 14 octobre à Beyrouth a de quoi être inquiétante. Elle rappelle un incident qui s’était passé dans le même quartier, en avril 1975, entre des chrétiens et des palestiniens, et qui avait engendré une guerre civile de 15 ans.
Le Hezbollah pro-iranien, prêt à un coup de force contre l’état libanais ?
Cette fois ci ce n’est pas l’OLP palestinienne qui est en position de force, mais le Hezbollah chiite. Son chef a lancé un ultimatum au gouvernement : changer le juge qui enquête sur l’explosion du port de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts en août 2020. Le Hezbollah qui contrôlait les entrepôts du port ne veut pas qu’on sache pourquoi tant d’explosifs avaient été stockés là, au mépris de toute règle de sécurité. Et il a envoyé ses hommes, dont certains en armes, manifester devant le Palais de Justice. Ils ont été pris à partie lorsqu’ils ont traversé les quartiers chrétiens, visés par des snipers planqués sur les toits. Est-ce que cela veut dire que le Hezbollah pro-iranien est prêt à un coup de force contre l’Etat libanais ? Oui, en tout cas contre ce qui reste de justice indépendante au Liban. Aujourd’hui, fort de ses martyrs, le Hezbollah fait un chantage très clair aux chrétiens défendant l’état de droit. Il leur dit : êtes-vous prêts à risquer une nouvelle guerre civile, simplement pour avoir cette enquête sur l’explosion du port menée jusqu’au bout ?
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Liban : le rapport de force n’est pas favorable aux chrétiens
Il est vrai que les chrétiens des Forces libanaises seraient bien avisés de faire preuve de retenue, pour deux raisons. D’abord parce que le rapport de force n’est pas en faveur des chrétiens. Le Hezbollah a beaucoup d’hommes et il a l’Iran des mollahs derrière lui. Les chrétiens n’ont aucun pays occidental derrière eux prêt à les aider. Déjà aucun d’entre eux n’était intervenu en 1975. Deuxième raison, l’intérêt urgent des chrétiens est moins la justice que le rétablissement d’une économie qui fonctionne. Et pour cela il faut un gouvernement stable, que le Hezbollah ne cherche pas à renverser. On va reparler de cet incident grave, car il complique encore plus le défi que s’est lancé Emmanuel Macron de relever ce petit pays créé par la France en 1920.
Renaud Girard
