Guerre en Ukraine : « Vladimir Poutine est rentré dans un bourbier » selon Pascal Boniface

Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) s’est exprimé au micro de Renaud Blanc, ce vendredi 25 février, dans la matinale de Radio Classique. Il estime que Vladimir Poutine a fait une erreur de calcul en attaquant l’Ukraine.

Vladimir Poutine a commis une erreur de calcul, selon Pascal Boniface

La guerre en Ukraine déclenchée par la Russie est un tournant dans l’Histoire, c’est ce qu’a assuré Emmanuel Macron dans son allocution, et c’est aussi l’avis de Pascal Boniface : « jamais l’Union soviétique n’avait attaqué militairement un pays extérieur, y compris pendant la Guerre Froide, c’est une première ». Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Kiev, où des bombardements ont lieu depuis cette nuit, le directeur de l’IRIS estime que Vladimir Poutine, le président russe, a commis une erreur de calcul en attaquant l’Ukraine. Il évoque même « un bourbier », pointant de nombreux morts, du côté ukrainien, mais aussi du côté russe. « Les Ukrainiens ont des armes antichars qui semblent assez efficaces », note le géopolitologue.

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Le Kremlin doit aussi gérer des protestations d’une partie de la population russe, avec des manifestations cette nuit à Moscou et Saint-Pétersbourg, entraînant une dizaine d’arrestations. Pascal Boniface assure qu’ « un Russe sur 2 est opposé à la guerre », et que dans les milieux intellectuels, « les gens sont choqués par cette décision [d’attaquer l’Ukraine] qui leur paraît incompréhensible, allant contre l’intérêt national ». Ils craignent l’isolement, poursuit le directeur de l’Iris : « ils ont peur d’être coupés, pas tellement de l’Europe, mais aussi du reste du monde ». Il explique que les Russes, déjà traumatisés par l’intervention en Afghanistan en 1979, ne veulent pas voir des cercueils de soldats revenir pour des causes qui leur paraissent incertaines : « c’est différent de mourir pour défendre le territoire national de la mère-patrie que pour une intervention extérieure, surtout dans un pays où la démographie est faible ».

 

La population ukrainienne est désormais viscéralement et violemment anti-russe

Est-ce qu’aujourd’hui le président ukrainien Zelensky est « l’homme à abattre pour le Kremlin » ? Interrogé sur ce point par Renaud Blanc, Pascal Boniface assure que ce serait le cas, quel que soit le président au pouvoir à Kiev, même si Zelensky a été élu au départ pour un rapprochement avec la Russie. Autre écueil pour les Russes, selon le géopolitologue, la population ukrainienne est désormais viscéralement et violemment anti-russe, alors qu’elle ne l’était pas auparavant. Dans ce conflit en tous cas l’Union européenne va perdre beaucoup, analyse-t-il, d’abord parce que la guerre est à nos portes, mais aussi parce que les rêves d’autonomie européenne vont voler en éclat. « Tout le monde va se réfugier sous l’aile protectrice des États-Unis », estime Pascal Boniface, ajoutant que « les projets de souveraineté européenne, d’autonomie stratégique qui très timidement, certes, commençaient un peu à progresser sont désormais encalminés pour un moment ». Et si l’Europe n’est pas en guerre, la guerre est en Europe, et selon Pascal Boniface, « nous allons en subir les conséquences économiques, psychologiques, humaines ».

Béatrice Mouedine

 

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