Bernard-Henri Lévy était l’invité ce jeudi 24 mars de la matinale de Radio Classique. L’écrivain et philosophe publie dans les colonnes de Paris Match un grand reportage sur la ville ukrainienne d’Odessa. Il pointe « la démoralisation et la démobilisation des soldats russes », et assure que l’Europe doit « vaincre Poutine ».
BHL compare Zelensky à Churchill : « un homme qui brave les bombardements »
1 mois jour pour jour après le début de la guerre en Ukraine, Bernard-Henri Lévy retient surtout l’image du président ukrainien Zelensky « tête nue dans les rues de Kiev, répondant au président américain Joe Biden qui lui proposait une exfiltration : j’ai besoin de munitions, pas d’un taxi ». Une attitude qui amène le philosophe à comparer Zelensky à Churchill, « un homme qui brave les bombardements, exhorte sa population à la résistance et lui donne du courage ». Ce mercredi 23 mars devant les parlementaires français, le président ukrainien a eu des mots très durs contre les entreprises françaises qui ont maintenu leur activité en Russie.
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« Il a raison » a réagi BHL, appelant parallèlement à aller plus loin dans les sanctions, pour pousser toutes les entreprises françaises à quitter le territoire russe. « Je pense que c’est une décision politique qui doit être prise », poursuit l’écrivain et cinéaste, estimant qu’elle ne doit pas peser sur les épaules des chefs d’entreprises. Il reconnaît que cela puisse être un choix douloureux, mais il pointe « l’enjeu colossal », qui en dépend : « le destin du monde libre se joue en Ukraine ». Mais le prix pour les Ukrainiens est tout aussi colossal, et le philosophe l’admet : « je pense que les Ukrainiens vont gagner, mais à quel prix ? Que restera-t-il du peuple ukrainien après ce déluge ? ».
L’intérêt des Européens « n’est pas de garder Poutine pendant 5 ou 10 ans au Kremlin qui va nous faire chanter »
Selon Bernard-Henri Lévy, il faut arrêter de négocier avec le président russe Vladimir Poutine, qu’il considère comme un criminel de guerre. « Je pense que sa place est devant la justice internationale », poursuit-il. L’écrivain estime que les Ukrainiens pourraient décider un jour de faire des compromis avec le maître du Kremlin « et ce choix sera respectable », mais selon lui « l’intérêt des Européens n’est plus de négocier avec Poutine, c’est de le vaincre ». Il pointe ce « que nous savons de Poutine, de sa rhétorique sur l’arme nucléaire, cette épée de Damoclès qu’il tient au-dessus de nos têtes ».
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BHL estime que l’intérêt des Européens « n’est pas de garder Poutine pendant 5 ou 10 ans au Kremlin qui va nous faire chanter ». Récemment revenu d’Odessa, Bernard-Henri Lévy tient à parler de la situation sur place : « la démoralisation, la démobilisation et presque la débandade dans l’armée russe sont très spectaculaires ». Il évoque 15 000 soldats « qui ne savent pas pourquoi ils sont là, qui sont écœurés par cette guerre, abandonnent leur char en rase campagne, ou tombent en panne bêtement parce qu’ils ont vendu leur fioul au marché noir en Biélorussie ». Alors que l’Union européenne ne compte pas participer activement au combat, le philosophe propose de soutenir les Ukrainiens dans cette guerre, « par tous les moyens possibles et raisonnables », « parce que dans quelques années, ce sera le tour des Baltes et des Polonais ». Est-ce qu’Emmanuel Macron doit se rendre en Ukraine, à Kiev ou Odessa ? A cette question de Renaud Blanc, BHL répond que « ce serait pour les Ukrainiens un message extraordinaire et pour la France, cela aurait un panache fou ». « Comme le voyage de Mitterrand de Sarajevo, on pourrait imaginer Macron à Odessa », a-t-il conclu.
Béatrice Mouedine