Guerre en Ukraine : « Le réfugié est obligé de partir, mais il a envie de revenir », explique Frédéric de Saint-Sernin

Daniel Cole/AP/SIPA

Frédéric de Saint-Sernin, directeur général délégué de l’ONG Acted, ancien ministre et ancien député, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique. Il assure que les Ukrainiens qui ont fui la guerre pour les pays limitrophes ont le souhait de retourner rapidement chez eux.

« En Ukraine, les familles n’avaient pas imaginé cette situation »

Alors qu’il était il y a quelques jours à la frontière de l’Ukraine et de la Pologne pour accueillir les réfugiés, Frédéric de Saint-Sernin a raconté au micro de Renaud Blanc quelle image l’avait le plus marqué : « la longue file de voitures qui a duré des jours et des jours. Il y a eu un mouvement très fort de la part des Ukrainiens qui se sont précipités vers les frontières de l’Ouest. C’était très impressionnant ». La première action pour l’ONG a été d’apporter des repas chauds à ces familles, et s’assurer que les enfants n’avaient besoin de rien. Le directeur d’Acted pointe aussi la différence avec les autres pays dans lesquels l’organisation intervient : « ces mouvements de population se passent généralement dans des zones où les conflits durent parfois depuis des dizaines d’années. En Ukraine, non seulement les familles sont séparées, mais ce sont des familles qui n’avaient pas imaginé cette situation il y a seulement 20 jours ».

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Il estime d’ailleurs que ces flux de réfugiés vont se renforcer dans les prochaines semaines. Les pays frontaliers comme la Pologne ou la Moldavie vont-ils arriver à gérer l’arrivée de plusieurs millions de réfugiés ? Selon Frédéric de Saint-Sernin, il faut rappeler que « le réfugié est obligé de partir parce qu’il y a un conflit, et s’il reste à la frontière, c’est d’abord pour revenir le moment venu ». Un retour espéré d’une part car « le sentiment national des Ukrainiens est très fort », et d’autre part, « parce que les familles sont séparées », les hommes en âge de combattre restant généralement sur place. Frédéric de Saint-Sernin est aussi venu à l’antenne de Radio Classique pour parler de l’opération « Des convois humanitaires pour l’Ukraine », une mobilisation inédite en France : des particuliers, des collectivités et des entreprises ont rempli des camions de 38 tonnes pour venir en aide à la population ukrainienne. Il s’agit principalement de kits d’hygiène, de kits de cuisine et de vêtements, notamment pour bébés. Une quarantaine de camions partiront cette semaine en direction de l’Ukraine en passant par la Pologne ou la Moldavie.

Béatrice Mouedine

 

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