Hôpital bombardé en Ukraine : « La guerre, c’est l’enfer » déplore le médecin Rony Brauman

Rony Brauman, ancien président de l’ONG Médecins sans frontières, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, ce jeudi 10 mars, au 15ème jour de combat en Ukraine. Alors que 2 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays et que plusieurs grandes villes sont assiégées et bombardées, Rony Brauman pointe les difficultés pour les organisations humanitaires d’accéder aux zones de guerre.

Les équipes de Médecins sans frontières en Ukraine ont peu d’informations

Quelles sont les priorités aujourd’hui pour venir en aide à la population ukrainienne ? A cette question de Renaud Blanc, Rony Brauman souligne qu’il y a deux éléments-clé. D’une part, l’aide aux réfugiés, notamment ceux qui n’ont pas trouvé d’abri dans la population. L’autre priorité maximale selon lui, est l’acheminement dans les villes assiégées de produits de première nécessité, en particulier d’énergie, donc du gaz. Il pointe qu’il faut non seulement des vivres, mais aussi des médicaments, « même si les hôpitaux ukrainiens sont relativement bien approvisionnés ». Alors que plusieurs villes sont assiégées, toutes les équipes de Médecins sans frontières ne sont pas encore déployées. Il y a sur place les équipes déjà présentes avant l’intervention russe. « Elles nous donnent des informations, et essaient de nous guider » affirme Rony Brauman, « mais ça n’est pas suffisant parce qu’elles sont elles-mêmes coupées de toute information ».

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Les aéroports de Marioupol et Kiev sont aux mains de l’armée russe

Le déploiement en Ukraine se fait « très lentement » reconnaît l‘ancien président de Médecins sans frontières, « parce que tout mouvement est difficile et que la situation change chaque jour ». Il indique toutefois que les organisations humanitaires peuvent passer aujourd’hui dans l’Ouest de l’Ukraine, par voie routière car les aéroports de Marioupol et Kiev sont aux mains de l’armée russe. Parallèlement, souligne Renaud Blanc, il existe des initiatives individuelles en France pour aider la population ukrainienne, avec des camions qui partent vers la Pologne, près de la frontière. Ces aides sont-elles efficaces ou viennent-elle gêner la coordination des organisations ? « La solidarité n’appartient pas exclusivement aux organisation humanitaires », explique Rony Brauman, saluant cette mobilisation. Il émet toutefois une réserve concernant le matériel médical et les médicaments, « qu’il vaut mieux laisser aux organisations spécialisées ». Rony Brauman a aussi livré son désarroi concernant le bombardement sur un hôpital pédiatrique à Marioupol : « c’est du déjà vu, ce n’est pas l’apanage des Russes. La guerre, c’est l’enfer de toutes façons, ce ne sont ni le droit humanitaire ni les mesures restrictives que l’on prend qui peuvent adoucir les contours de la guerre pour ceux qui la subissent ».

Béatrice Mouedine

 

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