Guerre en Ukraine : A Kharkiv, ville martyr, certains habitants ne veulent pas partir

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La situation va-t-elle encore empirer à Kharkiv ? L’état-major ukrainien estime « que l’armée russe est en train de regrouper ses forces pour réattaquer » cette ville martyr, toute proche de la frontière russe.

« Je suis souvent effrayée, mais la peur s’estompe avec le temps »

Depuis plus d’un mois de guerre, l’armée russe bombarde en quasi continu la métropole qui comptait 1,5 millions d’habitants, et qui n’est désormais plus qu’un vaste champ de ruines déserté par la grande majorité de ses résidents. Ceux qui n’ont pas pu fuir, ou ceux dont le logement a été détruit se réfugient sous terre, dans les couloirs du métro (15 000 personnes y vivraient), devenu l’endroit le plus sécurisé de la ville. Mais d’autres habitants de Kharkiv, comme Krystyna, sont déterminés à rester chez eux coûte que coûte. Depuis plus d’un mois, Krystyna, son mari et leurs deux chats partagent leurs nuits entre leur abri anti bombe, et un lit de fortune ; un petit matelas posé dans un couloir étroit de leur appartement, qu’elle décrit comme « l’endroit le plus sûr en cas de raid aérien ». Malgré la menace constante, la jeune femme, est formelle : « pas question de quitter Kharkiv ». Elle explique qu’il est très douloureux de voir sa ville détruite par les Russes : « mais je suis chez moi ici, et je ne veux aller nulle part ailleurs. Après tout, un mois de ma vie a déjà été volé. Il n’y a rien d’héroïque là-dedans, j’ai juste de la chance de ne pas avoir d’enfants à amener loin de la guerre. Bien sûr, je suis souvent effrayée, mais la peur s’estompe avec le temps, et vous comprenez que vous devez continuer à vivre ».

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Krystyna espère montrer la résilience des habitants de Kharkiv à travers un grand projet photo

Et pour continuer à vivre dans une ville en ruines et qui manque de tout ; Krystyna se raccroche à la photographie, sa passion devenue son métier : « c’est ma manière d’être utile, en faisant ce que je sais faire de mieux. Quelqu’un devrait immortaliser les crimes des envahisseurs russes et les montrer au monde entier.» Mais avec son appareil photo, Krystyna capture aussi ces moments d’humanité si précieux, comme ces enfants qui jouent à la dinette dans un wagon de métro transformé en dortoir, ou encore ces jardiniers municipaux qui rempotent des plantes dans des parcs dévastés. « Pour moi, ces gens sont des superhéros », sourit-elle, « quand je pense à Kharkiv, j’imagine un grand dragon attaqué de toute part, mais qui ne renonce jamais. Alors vraiment, comment voulez-vous quitter une ville où les gens sont si courageux ? ». Une fois la guerre finie, Krystyna rêve de montrer la résilience de Kharkiv et de ses habitants à travers un grand projet photo.

Rémi Vallez

 

 

Ecoutez le reportage de Rémi Vallez en ouverture du journal de 8h : 

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