Le diplomate Gérard Araud, ex-ambassadeur de France aux États-Unis était l’invité de la matinale de Radio Classique, au lendemain d’une fusillade dans une école du Texas. Un suspect de 18 ans a ouvert le feu, faisant 21 morts dont 19 enfants. Gérard Araud explique que les armes sont « une irrationalité américaine ».
Après ce genre de tragédies, les démocrates prennent le ton de la lamentation et les républicains répondent par des prières
La question des armes aux Etats-Unis revient à la une de l’actualité après la tuerie dans une école du Texas, mais comme l’explique le diplomate Gérard Araud, les conséquences de ce drame pourraient nous surprendre. L’ancien ambassadeur de France estime que « les armes sont une irrationalité américaine ». Elles font partie de leur identité « à cause du Far West et de la notion que les citoyens doivent pouvoir se défendre eux-mêmes ». Il note que depuis 20 ou 30 ans, cette question des armes est devenue un des éléments de la guerre des cultures entre la gauche et la droite. Résultat ? Des dizaines de lois sont votées par les Etats pour rendre la vente des armes de plus en plus facile. Gérard Araud cite même ce chiffre édifiant : 40% des armes dans le monde sont possédées par des Américains. Ce drame soulève en tous cas une nouvelle fois l’indignation des démocrates : « à chaque fois c’est la même chose », souligne Gérard Araud, « vous avez des démocrates qui prennent le ton de la lamentation – à juste titre -, et à chaque fois, vous avez des républicains qui répondent par des prières ».
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Il semble donc impossible au diplomate de changer les choses dans l’immédiat. Selon lui, même une simple vérification des antécédents lors de l’achat d’une arme ne passerait pas. « On est dans une vision d’élargir les ventes d’armes », poursuit-il, « en interdisant par exemple aux églises et aux universités de ne pas accepter des armes dans leurs enceintes ». Il note d’ailleurs que de manière « assez paradoxale », lorsque les démocrates protestent contre la vente libre des armes, cela se retourne contre eux : « vous savez, après ce genre de tragédies, on vous dira dans quelques jours que le nombre d’armes vendues aux Etats-Unis a augmenté d’un seul coup ». Les républicains se disent, explique-t-il : «i ls vont toucher à nos armes, et nous devons au contraire nous défendre ». C’est donc une Amérique toujours aussi fracturée que décrit Gérard Araud, ainsi qu’une déception dans le camp démocrate, notamment en raison de l’âge avancé du président Biden : « il n’a pas su mobiliser son camp et la perspective de la présidentielle de 2024 inquiète franchement les démocrates ».
Béatrice Mouedine
