Cela fait plus d’un mois désormais que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan. Un mois vécu comme un triste retour en arrière pour les minorités et les femmes. Les restrictions se multiplient, loin du discours d’ouverture initialement prôné par les fondamentalistes.
Avec le retour des talibans, c’est comme si elle avait fait un bond de 20 ans en arrière
Toujours interdites de travailler, de faire du sport, et même d’étudier pour les collégiennes et les lycéennes, leur quotidien devient de plus en plus difficile. Dans une autre vie pas si lointaine, Shaima* (*prénom modifié) travaillait comme professeur à l’université de Kaboul. Sur son temps libre, elle se rendait à la salle de sport, au salon de beauté et retrouvait des amis. Avec le retour des talibans, c’est comme si elle avait fait un bond de 20 ans en arrière. Elle déplore le fait d’avoir perdu toute forme d’indépendance, « Aujourd’hui, c’est comme si j’étais en prison. Il y a des centaines de femmes comme moi ici, qui ont étudié, qui ont travaillé de longues années, et du jour au lendemain elles se retrouvent coincées à la maison, sans avenir. Quand je me lève le matin, je me demande et maintenant, qu’est-ce que je fais ? Je n’ai plus rien ».
A lire aussi
Dans le Kaboul « d’avant », Shaima était une militante reconnue du droit des femmes. Un engagement qu’elle paye aujourd’hui au prix fort puisqu’elle doit vivre cachée, « En un mois, j’ai déménagé à six reprises, et 3 fois les talibans m’ont retrouvé. Où que j’aille, ils me retrouvent. Pour sortir je porte une burqa, il ne faut pas qu’ils me reconnaissent ». Massouda, chercheuse en sciences politiques, a elle aussi croisé la route des fondamentalistes en allant à la boulangerie, « Il m’a dit qu’il n’y avait plus de démocratie, plus de droits des femmes. Je lui ai demandé ce que je lui avais fait ? Il a alors commencé à me battre en pleine rue, à me frapper, jusqu’à ce que ma peau devienne noire. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça fait, je ne pourrai jamais l’oublier ». Aujourd’hui, Massouda a réussi à fuir l’Afghanistan pour l’Espagne. Shaima, elle, passe ses journées à rédiger des demandes d’asile pour quitter le pays.
Rémi Vallez
Ecoutez les témoignages de Shaima et Massouda au micro de Rémi Vallez :