La politique française de baisse de l’utilisation des pesticides est un échec, les différents plans que l’on appelle Ecophyto n’ont jamais atteint leurs objectifs, et c’est en grande partie à cause du manque de moyens publics alloués à cette politique. C’est la conclusion d’une étude publiée ce matin par la fondation Nicolas Hulot.
Réduction des pesticides : sur 23 milliards d’euros de financements publics, à peine 1% a un impact avéré
Alors que les plans Ecophyto, lancés en 2008, tablaient sur une baisse des pesticides de 50% en France en 10 ans, leur utilisation a au contraire augmenté de 25% sur la période. Le think tank de la fondation estime que les financements publics aux acteurs de la filière alimentaire s’élèvent chaque année à un peu plus de 23 milliards d’euros, mais à peine 1% à un impact avéré sur la réduction de l’utilisation des pesticides.
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Sur les 220 millions de financement efficaces, il s’agit pour l’essentiel des subventions à l’agriculture biologique. Les plans Ecophyto et les 71 millions d’euros qui lui sont alloués ne représentent eux que 0,3% des financements publics alloués au secteur.Autrement dit, la France n’a pas donné aux agriculteurs les moyens d’atteindre les objectifs fixés.
La Fondation Nicolas Hulot propose d’agir sur la Pac et la politique fiscale avec l’instauration d’un bonus malus
Autre constat dressé par la Fondation Nicolas Hulot, la hausse constatée de l’utilisation des pesticides en France est imputable à une partie minoritaire des exploitations françaises, celles qui utilisent déjà le plus de produits phytosanitaires : +55% entre 2008 et 2018 pour les 9% des exploitations qui consomment le plus de pesticides, alors que dans les 91% autres exploitations, la consommation a légèrement diminué sur la même période.
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Alors pour inverser la tendance, la Fondation Nicolas Hulot propose d’agir sur deux leviers principaux : le premier, c’est la PAC, la Politique Agricole Commune, en pleine renégociation. Il faudrait multiplier par 5 notamment les aides accordées à l’agriculture biologique, et 2eme levier, une politique fiscale incitative avec notamment l’instauration d’un bonus malus pour récompenser les plus vertueux. La Fondation estime par ailleurs que seuls 2% des financements de la PAC aujourd’hui ont un impact sur la baisse de la consommation des pesticides.
Baptiste Gaborit
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