Des colonnes de fumées noires sur plus de 20 kilomètres. Un air suffocant, comme une chape de plomb sous le ciel de Rouen. Deux ans après l’incendie de l’usine Lubrizol, le flou ne se dissipe pas sur les conséquences de la catastrophe sur l’environnement et la santé des habitants.
« L’Etat a commis une faute en n’imposant pas la mise en place de système de détection des incendies »
Des habitants se sont pour beaucoup, constitués partie civile dans le procès pénal contre Lubrizol toujours en cours d’instruction. Ils veulent désormais aller plus loin, en attaquant l’Etat pour faute. Cela fait deux ans que Julia Massardier cherche le document « L’étude de danger ». Cette avocate représente plusieurs parties civiles sur le dossier Lubrizol. Si elle parvient à mettre la main sur le rapport, elle pourra enfin saisir le tribunal administratif et engager la responsabilité de l’Etat. Si Julie Massardier a besoin de ce document c’est parce qu’il permet de savoir quels contrôles la préfecture a opéré sur les différents scénarios de risques industriels.
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Il y a quelques mois, la préfecture répond enfin, mais seulement pour envoyer quelques pages couvertes de marqueur noir. L’avocate affirme avoir en sa possession, « un texte à trou qui n’est pas exploitable ». C’est grâce à ce document et à d’autres, que les parties civiles pourront prouver la faute de l’Etat. Gérald Le Corre du Collectif Unitaire Lubrizol en est convaincu, « l’Etat a commis une faute en n’ imposant pas la mise en place de système de détection des incendies ni un système d’extinction automatique alors qu’il y avait des produits très dangereux ». Au pénal, l’enquête avance et s’alourdit pour Lubrizol puisque deux nouvelles mises en examen pour pollution des eaux ont été ajoutées il y a une dizaine de jours.
Laurie-Anne Toulemont
Ecoutez le reportage de Laurie-Anne Toulemont :