L’alerte rouge a été levée hier soir dans les Bouches-du-Rhône après le passage d’un épisode orageux exceptionnel. Il est tombé l’équivalent de plusieurs mois de précipitations en quelques heures seulement. Des pluies torrentielles qui vont devenir de plus en plus intenses en Méditerranée mais pas uniquement.
« On a enregistré entre 150 et 180 mm de pluie soit l’équivalent de 1 à 2 mois de pluie en quelques heures »
C’est la première fois depuis 20 ans que Marseille et les Bouches-du-Rhône étaient placées en vigilance rouge inondations. La conséquence d’un passage orageux très violent selon Marion Pirat, prévisionniste à météo France, « Ca n’est pas étonnant de retrouver un épisode méditerranéen au mois d’octobre puisque c’est la saison. En revanche, c’est un épisode exceptionnel du côté des Bouches-du-Rhône et de la ville de Marseille. On a enregistré entre 150 et 180 mm de pluie soit l’équivalent de 1 à 2 mois de pluie en quelques heures ».
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Certains secteurs des Bouches-du-Rhône pourraient même avoir enregistré sur toute la journée d’hier, jusqu’à 240 mm de cumul de pluie. C’est ce que l’on appelle un épisode méditerranéen, un phénomène classique mais exceptionnel en intensité, « c’est en fait de l’air chaud et humide qui remonte de méditerranée avec de l’air froid en altitude ce qui va engendrer d’importantes précipitations du Roussillon jusqu’aux Alpes-Maritimes ». Un phénomène exacerbé par le réchauffement climatique selon les scientifiques.
Des pluies diluviennes qui ont été rendues jusqu’à 9 fois plus probables par le réchauffement climatique
Cela ne concerne pas seulement les épisodes méditerranéens mais bien toutes les pluies torrentielles partout en France. La fréquence des épisodes n’augmente pas, les orages ou les tempêtes ne sont pas plus nombreux mais beaucoup plus violents avec des cumuls de pluies plus importants pour Françoise Vimeux, climatologue à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), « Dans une atmosphère plus chaude il y a plus de vapeur d’eau. Lorsque le flux d’air chaud et humide en provenance de la Méditerranée arrive sur le continent et rencontre de l’air plus froid, il y a une condensation. La quantité d’eau contenue dans l’atmosphère est beaucoup plus importante. Dans un monde ou les températures vont considérablement augmenter à la fin du siècle on ira vers des cumuls de pluie de +20 % pour les épisodes méditerranéens ».
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1 degré de plus dans l’atmosphère représente 7% de plus de vapeur d’eau précipitable. Cela explique également les cumuls de pluies très importants enregistrés dans le Gard le mois dernier, à Agen et à Montpellier. Cela est vrai pour les épisodes méditerranéens mais c’est également vrai aussi pour tous les phénomènes de pluies torrentielles comme à Nantes ce week-end ou en Belgique et en Allemagne cet été. Des pluies diluviennes qui ont été rendues jusqu’à 9 fois plus probables par le réchauffement climatique.
Baptiste Gaborit