Environnement : Assouplir les congés pour réduire le trafic aérien ?

Avec la crise sanitaire du coronavirus, le secteur aérien traverse la pire crise de son histoire, mais il va être confronté également dans les prochaines décennies à un immense défi : comment réduire les émissions du secteur pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Supaero Decarbo réunit des pilotes, ingénieurs de l’aérien qui réfléchissent au futur de l’aviation

La réduction des émissions de l’aérien passera nécessairement par une modération du trafic, selon un rapport publié hier par The Shift Project, un think tank spécialisé sur la transition bas carbone et par le collectif Supaero Decarbo qui regroupe des professionnels du secteur aérien, pilotes, ingénieurs qui réfléchissent au futur de l’aviation. La priorité d’après eux est d’abord de fixer un budget carbone pour le secteur, une quantité maximale d’émissions de CO2 à ne pas dépasser d’ici 2050 pour respecter l’accord de Paris.

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Les auteurs ont estimé le budget carbone du secteur au prorata des émissions en 2018, un peu moins de 3% des émissions totales mondiales, et avec l’objectif de ne pas dépasser les 2 degrés de réchauffement. Ils ont ensuite élaboré plusieurs scénarios qui intègrent les avancées technologiques attendues, l’arrivée massive de carburants alternatifs et surtout celle de l’avion à hydrogène prévue aux environs de 2035. Le problème, c’est que ça ne suffira pas selon eux.

 

Parmi les pistes, la taxation progressive des voyageurs

Même dans le scénario le plus optimiste, le budget carbone serait dépassé dès 2040. Alors ces différents scénarios reposent sur une croissance du secteur de 4% par an à partir de 2024. La seule solution est donc de réduire la croissance du trafic mais comment ? Les auteurs avancent plusieurs pistes, la baisse de l’aviation d’affaires, la suppression des vols lorsqu’une alternative ferroviaire efficace existe en moins de 4h30, ou encore la densification des cabines des avions. Cela permettrait de transporter autant de passagers mais avec moins de vols.

 

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Parmi les autres pistes, celle plutôt étonnante d’assouplir les prises de congés pour permettre de partir plus longtemps mais moins souvent. Vous partez en avion à l’autre bout du monde mais pour 1 mois et demi, plutôt que de faire 3 voyages de 2 semaines. Autre idée, celle d’une taxation progressive des voyageurs. Les auteurs du rapport ne se prononcent pas sur l’opportunité de telles mesures mais bien sur la nécessité d’engager dès maintenant une réflexion sur le futur de l’aviation et de ses usages en 2050.

Baptiste Gaborit

 

 

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