Variant Omicron : Moderna développe une nouvelle version de son rappel

Governor Tom Wolf / wikimedia commons

Alors que le variant Omicron inquiète la communauté scientifique et les états, Stéphane Bancel, le PDG du laboratoire Moderna, accorde une interview au Figaro ce jeudi 2 décembre. Que faut-il retenir de ses propos ?

En 2019, Moderna produit 100.000 doses de vaccins pour des essais cliniques, 700 millions de doses en 2021

Stéphane Bancel le dit : « il est possible que les vaccins existant soient moins efficaces contre ce variant » omicron. Moderna développe une nouvelle version de son rappel, il faudra 60 à 90 jours pour y parvenir, explique-t-il. Autre information sanitaire cruciale : « ce virus ne va pas disparaître, malheureusement », nous dit Stéphane Bancel. Comme la grippe, des rappels annuels seront nécessaires, selon lui. D’ailleurs, il compte tout mettre dans une seul piqûre : un vaccin qui puisse protéger contre la grippe, le covid, le virus syncytial et une douzaine de maladies respiratoires qui circulent dans le monde. Un vaccin omnibus.

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Cette ambition assez incroyable est en fait totalement en ligne avec le développement de Moderna depuis deux ans. À ce niveau-là, le mot qui convient c’est plus « explosion » que simplement « croissance ». En 2019, Moderna produit 100.000 doses de vaccins pour des essais cliniques. 700 millions de doses en 2021. Quelle autre entreprise dans le monde réussit à multiplier par 7.000 sa production en deux ans ? Le défi pour Moderna étant d’autant plus grand que dans les premiers mois de 2020, personne ne voulait lui donner des financements. Stéphane Bancel raconte qu’il devait parfois payer dès la prise de commande ses fournisseurs pour les rassurer.

 

Moderna dispose d’un trésor de guerre, 15 milliards de dollars de trésorerie

On ne connaissait pas ce laboratoire il y a encore un an et demi. Il faut dire que malgré la nationalité de son fondateur, qui est Français, Moderna est bien une entreprise… américaine. D’ailleurs, il dit et répète qu’il n’aurait pas pu créer Moderna en France. Et malgré les annonces récentes d’Emmanuel Macron de 7 milliards d’euros d’investissements en faveur de l’industrie pharmaceutique, le constat de Stéphane Bancel demeure : « il manque encore dans l’Hexagone des outils pour financer la croissance des start-up ». Tout juste concède-t-il qu’il discute, au plus haut niveau de l’État, pas seulement d’installer des usines en France, mais aussi d’y réaliser plus d’essais cliniques, et d’y faire plus de recherche, grâce à « l’excellent terreau de scientifiques en France », selon lui. Mais très franchement, quand on lit cette interview, on comprend bien que la bataille est perdue, ou en tout cas que l’échelle française avec laquelle nous raisonnons bien souvent, n’est pas la bonne, alors qu’on pourrait raisonner Europe.

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C’est encore plus vrai avec cet exemple de Moderna. On le disait, le labo devait apporter mille garanties aux investisseurs potentiels, il y a encore quelques mois. Aujourd’hui, c’est le contraire, tout le monde se bat pour travailler avec Moderna, qui dispose d’un trésor de guerre, 15 milliards de dollars de trésorerie. De l’argent aussitôt investi en recherche et développement.
Stéphane Bancel explique dans Le Figaro qu’il développe 37 produits aujourd’hui, et 50 autres sont au stade de la recherche. Là encore, ça il veut aller à la vitesse de la lumière, et avoir jusqu’à 90 produits en portefeuille d’ici – imaginez – 12 à 18 mois… Et lui-même explique calmement que cela donnerait à Moderna « l’ampleur d’un Novartis ou d’un Roche », qui sont les labos géants et historiques de la Suisse. Deux vénérables entreprises âgées respectivement de 137 et 125 ans. Ne pensez pas que Moderna soit la startup du covid, et seulement du covid. Son chiffre d’affaires, cette année, est déjà pratiquement à la moitié de celui de Sanofi.

François Geffrier

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