Les travailleurs indépendants des nombreuses plateformes de livraisons tels que Uber, Deliveroo ou Just-Eat ont commencé à élire le 9 mai leurs représentants. Si ce progrès syndical constitue une avancée significative pour les droits de ces travailleurs modernes, l’avenir du secteur se jouera peut-être devant les tribunaux.
Des négociations pourront commencer sur un revenu minimum pour une course ou le droit à la déconnexion
Depuis le 9 mai, les travailleurs des plateformes internet, livreurs, chauffeurs VTC sont appelés pour la première fois à élire des représentants. Est-ce une réelle avancée ou fausse bonne idée ? S’il reste pas mal d’embûches, cette nouveauté pour les travailleurs semble aller dans le bon sens. Le sujet n’est pas simple. Cela fait des années que les gouvernements se cassent les dents en essayant de définir un statut adapté à ces nouveaux travailleurs. Un statut qui serait à mi-chemin entre salariat et entrepreneuriat afin de garantir plus de droits sociaux sans mettre en péril le modèle économique.
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Pourtant cela ne marche pas, faute de représentants pour en discuter. Avec ces élections, on refait les choses dans le bon ordre. On désigne d’abord des élus côté travailleurs, puis, d’ici septembre, des représentants des plateformes. Des négociations très concrètes pourront alors commencer sur un revenu minimum pour une course ou le droit à la déconnexion. C’est en partant du terrain que ce nouveau statut se construira, et qu’on sortira de la zone grise. Les premiers changements ne se feront pas avec des lois ou des chartes ex nihilo.
Le scrutin risque de faire un flop avec moins de 5% de participation
Le chemin reste malgré tout semé d’embûches parce que la culture syndicale n’est évidemment pas très développée chez Uber ou Deliveroo. Le scrutin risque donc de faire un flop avec peut-être moins de 5% de participation. C’est un sacré challenge en tout cas pour les syndicats traditionnels, qui peinent à exister dans ces nouveaux secteurs. Par ailleurs, il ne faut pas s’attendre à des changements rapides.
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Les négociations des accords entre les nouveaux acteurs prendront du temps. D’ici-là, l’avenir du secteur se jouera peut-être devant les tribunaux. En effet, de nombreuses procédures sont en cours pour requalifier des contrats de travail en salariat. Même à Bruxelles, où la Commission européenne prépare elle aussi des mesures pour renforcer les droits des travailleurs des plateformes. En attendant, la France se distingue en tentant le dialogue social. C’est assez rare pour être souligné.
Etienne Lefebvre