Les chiffres sont là et effectivement on peut parler d’une sacrée chute. En novembre de l’an dernier, les Français avaient regardé la télévision 4 heures 23 par jour en moyenne. Cette année, on assiste à une dégringolade avec seulement 3 heures 41 de visionnage.
En 2020 avec le Covid, les Français avaient besoin de s’informer
40 minutes de visionnage en moins par jour par rapport à novembre dernier, c’est énorme. Mais cette chute s’explique et demande à être relativisée. Il faut s’en souvenir, l’an dernier on était encore dans une période de pic du Covid avec des vagues de confinement. Les Français avaient besoin de s’informer, ils étaient inquiets. Et cela pousse à consommer de l’information sur les grandes chaînes comme sur les chaînes d’information. Ensuite, on a tous passé beaucoup plus de temps à la maison et il y avait beaucoup moins de divertissements à l’extérieur. Moins de concerts, de films, d’expositions… Les Français ont donc plus regardé la télévision. Aujourd’hui, on a peur du dernier variant mais on avait repris une forme de vie plus normale.
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Enfin, au-delà de ces éléments conjoncturels, il y a une part d’évolution structurelle. Entre la montée en puissance de Netflix, d’Amazon Vidéo et la poursuite de la progression des jeux vidéo et le développement de contenus sur les réseaux sociaux ou YouTube, que l’on peut consulter sur un téléviseur, la TV traditionnelle est forcément de plus en plus concurrencée. On regarde moins la télévision au sens historique mais on n’a jamais passé autant de temps devant le téléviseur. On est 4 heures et demie par jour devant cet écran de plus en plus grand. La consommation totale a donc bondi de 37% depuis le début de l’année.
L’audience chute nettement par rapport à 2020 mais très peu par rapport à 2019
Est-ce que cela veut dire que les grandes chaînes historiques doivent s’inquiéter ? Je dirais oui et non. Oui car elles ne sont plus en position de monopole. Il y a plus d’offre, plus de concurrence, donc comme plein d’industries qui ont fait face à l’arrivée de nouveaux concurrents, cela oblige à se réinventer, à s’améliorer. Mais il faut relativiser le déclin. D’abord l’audience chute nettement par rapport à 2020 mais très peu par rapport à 2019. Ensuite, on continue de passer un temps considérable devant la télévision et quand l’audience s’effrite, ce sont plus les petites chaînes qui perdent que les grandes.
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Les grandes chaînes comme TF1, France 2 ou M6 sont en plus adossées à des groupes plus larges qui contrôlent plein de chaînes. Ce n’est pas parce qu’on perd un peu en puissance qu’on devient impuissant. Les grandes chaînes conservent plein d’atouts et le principal est qu’il y a encore une soif d’images et que comme on a tous maintenant un écran dans la poche et la possibilité de se brancher de n’importe où, les chaînes qui arriveront à créer de bons contenus n’ont pas trop de soucis à se faire. Je m’inquiète moins pour elles que pour les diligences quand elles ont vu arriver le train puis la voiture. C’est peut-être la fin d’un âge d’or mais pas la fin du monde pour la télévision.
David Barroux
