Pourquoi Emmanuel Macron fait-il le déplacement à Belfort pour annoncer un ambitieux plan de relance en faveur du nucléaire ?
En France, les centrales ne pourront pas tourner plus de 50 ans
En matière d’énergie, le monde est coupé en deux. Il y a ceux qui pensent que le progrès des énergies renouvelables permettra d’ici quelques dizaines d’années de faire tourner nos économies uniquement au solaire, aux éoliennes et à l’hydroélectricité. Et il y a ceux qui pensent que ce n’est qu’un rêve. On aura besoin de plus d’énergies vertes mais comme l’électricité ne se stocke pas, comme les énergies nouvelles sont intermittentes et peu pilotables parce qu’on ne sait pas si on va avoir du vent ou du soleil, on aura aussi besoin pendant longtemps encore, d’autres sources d’énergie. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faudra un jour se débarrasser du charbon. Certains disent que l’on peut encore garder un peu de gaz, surtout si on utilise du biogaz issu des déchets agricoles. D’autres pays, comme la France, se disent que l’on aura besoin de nucléaire.
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C’est pour cela qu’il faut construire de nouvelles centrales. En France, notre parc nucléaire est vieillissant. On a investi massivement au lendemain des chocs pétroliers des années 70. On a donc construit des centrales jusqu’au début des années 2000 mais on n’a rien fait depuis 20 ans. Et comme nos centrales ne pourront pas tourner plus de 50 ans ou au mieux 60 ans, il va bien falloir les remplacer. L’objectif n’est pas forcément d’avoir une cinquantaine de réacteurs comme aujourd’hui. Ce n’est pas non plus d’avoir une électricité à 75% nucléaire. Mais même si l’on a moins de centrales et que nos sources d’électricité sont diversifiées, on va avoir besoin de nouveaux réacteurs. Au début de son quinquennat Emmanuel Macron avait validé la fermeture de Fessenheim et fait preuve d’une forme de prudence par rapport à l’atome. Mais il a été rattrapé par une forme de principe de réalité. On peut ne pas aimer le nucléaire mais on ne peut pas s’en passer. Il faut donc remplacer l’ancien par du neuf.
Le pétrole, le charbon et le gaz représentent aujourd’hui 60% de notre énergie
En théorie on pourrait aller vers une forme de décroissance ou de sobriété et consommer moins d’énergie. Mais dans la pratique, il est difficile de changer de façon radicale nos comportements. On va apprendre à consommer et à produire mieux et autrement. On peut investir massivement dans la rénovation thermique. Mais il y a une certitude : même si on consommait moins d’énergies, on consommerait plus d’électricité. Il faudra bien remplacer le pétrole, le charbon et le gaz – qui représentent aujourd’hui 60% de notre énergie – par quelque chose. D’ici 2050, une forme de consensus dit que notre consommation d’électricité pourrait bondir d’au moins 30%. Et pour cela on va avoir besoin d’investir massivement dans du renouvelable mais aussi dans du nucléaire.
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L’intérêt de lancer un plan d’investissement massif très vite après la présidentielle, est double. On est dans une industrie du temps long. Il faut investir, former, monter en compétence et pour cela il faut un engagement sur la durée. Pour l’instant, EDF s’est pris les pieds dans le tapis de l’EPR et ce n’est pas glorieux. Mais si l’on veut se donner une chance de progresser, il faut voir grand. Cela ne sera pas facile mais si on continue d’avancer à petits pas en donnant sans arrêt le sentiment d’hésiter, c’est certain que l’on n’y arrivera pas.
David Barroux