L’EPR finlandais d’Olkiluoto a enfin démarré hier, le 21 décembre, et cela faisait un sacré moment que l’on attendait l’évènement.
Cet EPR est livré avec une douzaine d’années de retard et un surcoût
Certains avaient même fini par ne plus y croire mais hier, l’EPR construit par Areva a enfin déclenché sa première réaction en chaîne. La bonne nouvelle c’est que le réacteur nucléaire tourne et que d’ici peu de temps cet EPR va pouvoir permettre à la Finlande de répondre à 15% de ses besoins d’électricité en ayant une source d’énergie en grande partie décarbonée. C’est un peu le seul point positif. Parce qu’il faut aussi reconnaître que cet EPR – dont la construction a été lancée en 2005 – est livré avec une bonne douzaine d’années de retard et un léger surcoût puisque le budget a plus que triplé passant d’un peu moins de 3 milliards d’euros à presque 10. La centrale n’a pas explosé mais la facture et les délais eux, si.
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Pourquoi cela s’est-il avéré aussi compliqué de construire cet EPR ? On peut chercher plein d’excuses qui ont toutes une part de vrai. On peut se dire qu’il y a eu une forme d’incompétence ou d’ambition démesurée de la part d’Areva qui n’était historiquement qu’un fournisseur de composants et qui là, a voulu être le constructeur assemblier. Et ce n’était visiblement pas son métier. On peut aussi se dire qu’EDF, qui construit un autre EPR en France à Flamanville, a du mal et donc que c’est tout simplement compliqué. D’abord parce que l’EPR est une nouvelle technologie et que l’EPR finlandais était la tête de série. Pour la première fois, on passait du projet papier au projet grandeur nature et ça n’a rien de facile surtout qu’on a pratiquement plus construit de réacteurs nucléaires en Europe depuis une vingtaine d’années. Et puis enfin, l’EPR était le réacteur post-Tchernobyl et attentats du 11 septembre. On a conçu la Rolls des réacteurs au niveau sureté et forcément cela complique tout.
L’inauguration d’un EPR aura lieu à Flamanville en 2022
Le démarrage de l’EPR peut être considéré comme un tournant, même s’il faut le nuancer. Il y a déjà des EPR qui tournent en Chine. On sait que cette technologie fonctionne. Et il y a déjà d’autres EPR en cours de construction en France et au Royaume-Uni. Donc l’EPR finlandais n’est qu’une bonne nouvelle de plus pour le camp pro-nucléaire. Mais cela reste quand même une sacrée bonne nouvelle. Un peu comme le démarrage attendu de Flamanville en 2022 qui changera la donne.
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Une fois qu’un réacteur tourne on peut toujours dire qu’il a coûté plus cher que prévu et qu’il a du retard mais l’argument porte moins que quand on peut affirmer : « on a dépensé des milliards pour rien ». Quand on voit flamber le prix de l’électricité on se dit que l’on va avoir bien besoin, dans les décennies qui viennent, d’une dose de nucléaire. Il faut tout de même qu’on arrive à les construire plus vite et pour moins cher. On a essuyé les plâtres mais EDF et ses partenaires doivent devenir plus professionnels.
David Barroux