Loi pouvoir d’achat : Le projet du gouvernement est-il crédible ?

Thomas Hubert/SIPA

Le 7 juin le gouvernement a estimé pouvoir maintenir le pouvoir d’achat des Français grâce son projet de loi. Pourtant l’Insee et le Haut Conseil des finances publiques ne semblent pas si optimistes et remettent en question la crédibilité d’une telle annonce.

Bercy estime être capable de rehausser le pouvoir d’achat de près de 3%

Le gouvernement a promis le 7 juin que le pouvoir d’achat ne baisserait pas grâce à son projet de loi. Au regard du contexte actuel, on peut se demander si cela est vraiment crédible. En tout cas ce n’est pas une petite promesse, avec une inflation attendue à 5% cette année. D’autant que l’Insee table, de son côté, sur un recul de près de 1% du pouvoir d’achat. Mais l’institut ne disposait pas de toutes les mesures de l’exécutif quand il a fait son estimation. Bercy anticipe par ailleurs un peu moins d’inflation. Alors comment arrive-t-on à un pouvoir d’achat préservé, et même en légère hausse ? L’ensemble des mesures détaillées hier (bouclier énergie, revalorisation des prestations, salaire des fonctionnaires) représentent un soutien de 20 milliards d’euros, qui s’ajoute à une autre vingtaine de milliards d’euros lâchés depuis le début de l’année. Selon Bercy cela suffirait à rehausser le pouvoir d’achat de près de 3%. En ajoutant les créations d’emplois et les hausses de salaires, dont le SMIC, on arrive à compenser l’inflation. Mais attention, il s’agit d’une moyenne, et on sait bien que le ressenti des Français est souvent très différent.

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Le Haut Conseil des finances publiques s’inquiète car le déficit est de plus en plus structurel

Dans le même temps, le gouvernement prévoit que le déficit reste contenu à 5% de PIB, comme prévu, malgré les 20 milliards d’euros de dépenses. Là encore, c’est très ambitieux, souligne le Haut Conseil des finances publiques. Sachant que 5% de déficit, cela reste considérable. Le Haut Conseil s’inquiète surtout du fait que ce déficit est de plus en plus structurel, et de moins en moins lié à la conjoncture. En clair, le gouvernement profite de très fortes rentrées fiscales, liées à la croissance et à l’inflation, mais il les dépense aussitôt, plutôt que de réduire le déficit plus vite. Par rapport au budget initial, les dépenses comme les recettes vont être plus importantes de 60 milliards d’euros cette année. Un pari jugé risqué par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui estime dans une interview aux Echos que la réponse à l’inflation doit venir de la politique monétaire, et non budgétaire. Bercy aura apprécié le message.

Etienne Lefebvre

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