On dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit mais les constructeurs automobiles peuvent se dire qu’ils additionnent encore plus que d’autres secteurs, les crises depuis deux ans. L’industrie automobile est à son tour l’une des victimes collatérales de la guerre en Ukraine.
L’Ukraine est un fournisseur stratégique de câbles pour l’industrie automobile
Les constructeurs automobiles ont commencé par subir comme tout le monde, la première phase de la crise Covid. Les usines se sont arrêtées, les concessions étaient fermées et surtout les clients étaient inquiets et prudents. L’automobile a été frappée d’une gigantesque crise de la demande. En 2021, quand les affaires auraient pu repartir, le secteur a été rattrapé par la crise des semi-conducteurs. Le monde manquait de composants électroniques et les constructeurs n’ont pas pu produire assez. Ils ont donc souffert d’une crise d’offre et maintenant, ils sont victimes de Vladimir Poutine.
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Le problème n’est pas tellement que les constructeurs vont devoir arrêter de vendre en Russie ou en Ukraine. Le problème est que l’Ukraine et la Russie ne sont pas que des débouchés. Ce sont surtout des fournisseurs. L’Ukraine est devenue par exemple, un fournisseur stratégique de câbles et une voiture contient des kilomètres de câbles qui forment son système nerveux. Sans câbles il n’y a pas de voiture. Donc sans l’Ukraine – qui grâce à ses coûts de main d’œuvre est devenue un acteur important de cette industrie – on ne peut plus livrer. Par conséquent, Volkswagen va fermer durant deux semaines son usine historique de Wolfsburg. BMW va devoir fermer des sites et Mercedes réduire la cadence.
Renault qui contrôle AvtoVAZ Lada représente un tiers du marché russe
Les constructeurs français sont moins affectés mais pas non plus épargnés. Michelin n’a qu’une usine en Russie mais le pays est son principal fournisseur de noir de carbone, un composant qui donne de la couleur au pneu et le renforce. Renault fait venir des pièces pour l’après-vente de Russie. Si la crise dure, cela va faire mal aux constructeurs. Sur les câbles ou les matières premières, les constructeurs européens finiront sans doute par trouver des fournisseurs de substitution mais cela peut prendre du temps et impacter lourdement la production ou l’après-vente. N’oublions pas que Renault qui contrôle AvtoVAZ Lada, représente un tiers du marché russe. Si le conflit s’éternise et s’intensifie, on ne sait pas ce que deviendra cet investissement stratégique.
David Barroux