Gaz russe : « L’Europe peut être indépendante en 2 à 3 ans », selon Laurence Boone de l’OCDE

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Renaud Blanc recevait ce vendredi 15 avril dans la matinale de Radio Classique Laurence Boone, secrétaire générale adjointe et cheffe économiste de l’OCDE, organisation de coopération et de développement économique qui regroupe 38 pays dont la France, les Etats-Unis, et le Japon. Elle explique pourquoi un arrêt immédiat des importations de gaz russe est impossible.

« Les sanctions contre la Russie frappent de plein fouet les ménages russes »

La guerre en Ukraine fait rage depuis presque deux mois, et parmi les questions soulevées par le conflit, il y a celle de possibles famines dans le monde. L’Ukraine et la Russie sont des gros exportateurs de céréales, et « la guerre fait peser beaucoup d’incertitudes sur la capacité à les récolter » explique Laurence Boone. La secrétaire générale adjointe de l’OCDE indique que la récolte est en juin et que cela correspond aussi à la période de semences. « Il y a une vraie interrogation sur ce qui peut se passer et qui explique la hausse des prix des céréales », souligne-t-elle, préconisant de « s’assurer que tous les autres pays qui peuvent semer aujourd’hui et qui pourront récolter à peu près en même temps, le fassent ». Si la guerre en Ukraine est militaire, elle est aussi économique. Est-ce que la Russie peut tenir malgré les sanctions occidentales ? Interrogée par Renaud Blanc, Laurence Boone assure que Moscou est dans une situation « effectivement très difficile, avec des sanctions jamais vues dans leur ampleur et dans leur force d’impact ». Elle note que cela frappe de plein fouet l’industrie, mais aussi les ménages russes, « l’idée étant de créer une pression économique allant ensuite sur le politique ».

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Laurence Boone plaide pour trouver d’autres énergies que le gaz

Quid alors d’un embargo en Europe sur le gaz russe ? « On ne peut pas arrêter [les importations] tout de suite, explique la cheffe économiste de l’OCDE, « car certaines industries ont besoin d’être continuellement alimentées ». Toutefois, il est possible de mettre fin à la dépendance européenne au gaz russe : « l’Agence Internationale de l’Energie a expliqué qu’on pouvait diminuer la consommation de gaz en Europe d’un tiers sur une année, donc on peut se dire qu’en 2 à 3 ans, on pourrait être totalement indépendant du gaz russe » confirme Laurence Boone. Elle estime même que cela peut aller plus vite « en cas de stratégie avec des pays alliés ». Il y a selon elle trois conditions à cela, « avoir des stocks à peu près remplis et des mécanismes de compensation en Europe, faire attention à l’envolée des prix, et donc maintenir les aides aux ménages, et trouver d’autres énergies plus propres et plus domestiques ».

Béatrice Mouedine

 

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