Contre l’inflation la Fed remonte ses taux : Pourquoi la BCE ne peut pas l’imiter ?

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La Réserve fédérale américaine a intensifié sa lutte contre l’inflation en remontant ses taux. L’Europe aimerait pouvoir faire de même mais les problématiques des deux continents sont divergentes.

La croissance est beaucoup moins forte en Europe qu’aux Etats-Unis

Le 4 mai au soir, la banque centrale américaine a remonté ses taux. Cela a d’abord suscité un engouement des marchés boursiers, avant qu’ils ne s’inquiètent à nouveau dès le lendemain. Cela montre en soi la difficulté de l’exercice. Malheureusement la tâche est encore plus difficile pour la Banque centrale européenne que pour la Réserve fédérale américaine. L’exercice de communication est aussi périlleux des deux côtés de l’Atlantique mais la prise de décision est en ce moment plus facile aux Etats-Unis qu’en Europe.

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La première raison, c’est que la croissance en Europe est beaucoup moins forte que de l’autre côté de l’Atlantique. La croissance américaine a eu beau connaître un trou d’air au premier trimestre, ses fondamentaux restent bons, tant en matière d’investissements des entreprises que de dépenses des ménages. De quoi rendre serein le président de la Fed, Jerome Powell, quand il annonce ses remontées de taux. A l’inverse, avec la guerre en Ukraine, l’Europe est beaucoup plus impactée. En effet, la croissance a ralenti en Espagne, s’est arrêtée en France, et s’est contractée en Italie. Elle reste également limitée en Allemagne, où elle tend même à faiblir depuis février. Ces éléments ont de quoi donner des sueurs froides à la présidente de la BCE, Christine Lagarde, ou en tout cas matière à réflexion avant de remonter ses taux.

L’inflation européenne dépend de facteurs extérieurs

Ce n’est pas la seule raison qui explique que l’équation de la BCE soit plus compliquée, En effet, il y a une deuxième explication. L’inflation américaine vient davantage de l’intérieur des Etats-Unis, alors que ses ressorts en Europe sont largement extérieurs. Ici, la flambée trouve largement son origine dans l’envolée des prix de l’énergie, les pays européens étant très dépendants de la Russie pour s’approvisionner en gaz et en pétrole. Or qui dit inflation extérieure, dit inflation moins facile à contrer par une simple remontée des taux. Cela prive en partie la BCE de ses leviers traditionnels, sur lesquels la Fed peut, elle, pleinement jouer.

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Finalement la Fed peut se montrer très volontaire tandis que la BCE est condamnée à avancer sur la pointe des pieds. Quand la banque centrale américaine peut dérouler un plan de marche désormais clairement énoncé, son homologue européen est contraint de se donner du temps. il faudra donc attendre le mois de juillet, voire septembre, pour se décider.

Alexandre Counis 

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