Carburants : La remise de quelques centimes qui coûte cher

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Le gouvernement accorde une ristourne de 18 centimes sur le litre de carburant. Est-ce une bonne décision ? Les automobilistes vont répondre « oui », mais cette remise peut poser des problèmes.

Les Français devraient prendre en compte le « signal prix » et moins consommer

C’est une décision bienvenue pour ceux qui roulent beaucoup ou les plus modestes, pour les infirmières qui assurent des soins à domicile ou les gens qui habitent à la campagne et sont obligés de prendre leur voiture. On peut aussi se dire que quand le pétrole flambe, le gouvernement encaisse plus de taxes. Il va rendre de la main gauche, en quatre mois, les 2 milliards d’euros aux Français qu’il leur a pris de la main droite depuis le début de l’année. Mais cela ne m’empêche pas d’être quand même très réservé sur cette mesure. Premièrement, même si la ristourne sera effectuée à la caisse et que le prix affiché va rester élevé, on ne pousse pas les Français à prendre en compte ce qu’on appelle le « signal prix ». En économie, quand le prix de quelque chose monte, cela pousse les gens à consommer moins. Quand l’essence augmente, cela doit nous pousser à moins rouler, à prendre le vélo ou les transports en commun, à covoiturer.

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Deuxièmement, le gouvernement a déjà plus ou moins gelé le prix de l’électricité et du gaz. Du coup, on met les Français sous cloche, on leur fait croire que l’inflation peut être contrôlée. Mais c’est faux, quand le prix des matières premières augmente, à la fin le prix grimpe pour le consommateur. D’ailleurs les prix dans l’agroalimentaire vont commencer à monter d’ici peu et le gouvernement ne va pas pouvoir jouer sans arrêt au pompier.

 

David Barroux : « Il faut privilégier les aides ciblées »

Nos finances publiques sont à sec. Il va bientôt manquer de munitions financières pour éteindre tous les incendies inflationnistes. Et puis enfin, si on nous laisse consommer plus de pétrole, on contribue à maintenir les prix au sommet et indirectement cela profite à Vladimir Poutine qui a besoin des recettes du pétrole et du gaz pour financer sa sale guerre. Il n’y a pas de solution simple et il n’y a pas de solution à court terme. Mais il faut privilégier les mesures d’aides ciblées. Donner de l’argent à ceux qui en ont vraiment besoin. Et puis il faut nous pousser à consommer moins ou à consommer d’autres énergies. Plutôt que de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, on aurait dû relancer le nucléaire plus tôt, plus fort et plus vite. On aurait du aussi être plus ambitieux dans les énergies renouvelables. Il faut aussi que notre Etat soit mieux géré et moins dépensier pour qu’il ne soit plus contraint de nous matraquer fiscalement. Il faut en fait que les politiques tiennent un discours de vérité et qu’ils fassent preuve de plus d’efficacité.

David Barroux

 

 

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