Canal + a racheté hier M7. C’est la plus importante acquisition du groupe audiovisuel français depuis le rachat de TPS. Canal + a en effet mis un milliard d’euros sur la table pour racheter un groupe qui vend 3 millions d’abonnements à la télévision par satellite dans 7 pays européens comme la République Tchèque, la Roumanie, la Belgique ou l’Autriche. Alors que tout le monde à l’impression que le satellite est une activité déclinante et que l’avenir se trouve dans la diffusion par Internet, Canal+ croit lui encore à l’avenir de la télévision traditionnelle par satellite
Pourquoi ce marché aurait-il encore un avenir ?
Déjà parce que tout le monde n’est pas connecté à un réseau Internet à haut débit. Les gens s’abonnent donc pour recevoir en haute définition les télé gratuites. Mais toute la stratégie de M7 et de Canal+, qui est déjà en Pologne, est de vendre des options. C’est de rajouter des chaines payantes ou de passer un service par Internet comme MyCanal en France. Pour Canal + il y a pas mal de synergies. Plus ils sont gros plus ils peuvent mutualiser leurs investissements dans la technologie et les programmes. Ils pourront mieux acheter auprès d’Hollywood et mieux amortir les feuilletons ou les chaînes qu’ils développent en Europe. Canal+ sait bien que Netflix progresse mais Netflix ce n’est qu’une partie de l’offre audiovisuelle. Sur Netflix il n’y a pas de direct, pas d’info, pas de sport… Et Canal + veut chercher à vendre tout ces autres services.
Mais pourquoi Canal+ ne met pas plutôt l’accent sur son développement en France ?
Canal +, c’est une vingtaine de millions d’abonnés dans le monde mais seulement 8 millions en France. La France n’est plus un pays en croissance. D’abord, car c’est un marché mature. Ensuite parce que l’ADSL et la fibre concurrencent le satellite de plus en plus tandis que Netflix et les autres services digitaux concurrencent les offres payantes. De plus, la TNT propose de nombreuses chaines jeunesse ou documentaire qui étaient avant réservées au payant. Le piratage n’arrête pas également de prendre de l’ampleur. La France est donc un marché trop compétitif. Aujourd’hui, on le sait peu mais c’est déjà l’international qui représente l’essentiel des profits et de la croissance de Canal + qui ne va pas abandonner la France. Mais ici, ils sont dans un mode défensif alors qu’à l’international ils peuvent encore être offensifs.
David Barroux