Alimentation : L’huile de tournesol remplacée dans des produits, l’emballage reste le même

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Cela fait plusieurs semaines que l’on évoque un risque de pénurie d’huile de tournesol. Tout part d’un chiffre réel et donc inquiétant : l’Ukraine représente 50% du commerce mondial de cet oléagineux. Avec la Russie, cela monte à 80% de la production. Alors que la guerre en Ukraine dure depuis 2 mois, tout le monde pense aussitôt à une rupture des approvisionnements et donc à une pénurie d’huile.

La marque Lesieur se fournit à 100% en graines de tournesol françaises

Le chiffre fait le tour des réseaux sociaux, et très vite, on assiste à des ruées sur les rayons huile de tournesol dans les supermarchés français. On a pu évoquer un temps un effet ramadan, avec une consommation d’huile supérieure lors de ce mois-là, mais c’est bien le phénomène hélas connu, des achats de précaution, qui aboutit à cette situation : la crainte de la pénurie engendre la pénurie. Pourtant au départ, il n’y a pas de risque. Il ne devait pas y avoir de risque. La marque Lesieur, par exemple, se fournit à 100% en graines de tournesol françaises, elle pèse 50% du marché français, et a prévu d’augmenter ses capacités. Le patron du groupe Avril, qui possède la marque Lesieur, nous le disait il y a quelques jours au micro de Radio Classique, nous avons de quoi tenir pendant des mois.

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Même si la guerre en Ukraine stoppe l’activité agricole, l’huile déjà produite et envoyée partout dans le monde ne s’évapore pas tout d’un coup, c’est l’huile de la prochaine récolte qui est menacée. En attendant, la situation dans les supermarchés est très tendue, et tenter de rassurer n’est jamais suffisant pour arrêter des « achats panique ». Face à ce risque, les pouvoirs publics autorisent l’industrie agroalimentaire à modifier ses recettes, sans forcément en informer les consommateurs.

 

Les industriels sont autorisés à remplacer l’huile de tournesol par de l’huile de colza, d’arachide, ou de l’huile de palme

La liste des produits potentiellement concernés est longue. Les chips, les frites, les panés en tous genres, mais aussi la margarine, les sauces, les pâtes à tarte, les sardines et le thon en conserve, les viandes marinées, les lécithines utilisées dans le chocolat, les glaces, etc… Les industriels sont autorisés à remplacer l’huile de tournesol par de l’huile de colza, d’arachide, ou de l’huile de palme. Il y a eu deux mois de concertation, et Bercy a communiqué hier des nouvelles règles. Les industriels peuvent changer leurs recettes sans modifier les emballages dans un premier temps, donc pendant six mois, qui est le délai nécessaire à l’impression de nouveaux packaging. En revanche, il leur faut une dérogation pour modifier la composition de leurs produits. Toutes les modifications autorisées seront référencées sur un site public dédié de la répression des fraudes (DGCCRF).

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Alors, en revanche, pas de chance, cela arrive aussi au moment où le prix du papier explose, et même où le plus gros fabricant européen d’étiquettes et de stickers, qui est en Finlande, a subi un gros conflit social, ce qui a fait plonger sa production. Les distributeurs sont, eux aussi, priés de participer à l’information par des affiches en magasin. Vous vous interrogez peut- être sur la qualité ? L’huile de tournesol est riche en oméga 6 et vitamine E. Mais « dans les produits alimentaires, l’huile n’est qu’un ingrédient parmi d’autres, et ça ne change pas la valeur nutritionnelle du produit », rassure le patron de l’Ania, les industries agroalimentaires, dans Le Parisien, ce matin. Et les industriels ajustent les recettes pour que le goût ne change pas.

François Geffrier

Ecoutez François Geffrier (à partir de 7′)

 

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