La plateforme Airbnb a rapporté 93 millions d’euros de taxe de séjour aux communes françaises en 2021. Un montant en nette augmentation par rapport à 2019. Comment cela s’explique-t-il ?
Une nouvelle preuve que le tourisme s’est déplacé ailleurs ces derniers mois
Il y a deux raisons avancées par Emmanuel Marill, le patron d’Airbnb en France, dans Le Parisien. D’abord, il y a une augmentation du nombre de nuitées. Les Français ont visité la France. Ils ont voyagé dans leur propre pays et c’est un effet de la crise sanitaire : déplacements limités vers l’étranger mais l’envie de bouger est quand même là. A noter que Paris, en revanche, vit une situation bien différente. Paris est l’une des toutes premières destinations mondiales des clients Airbnb et percevra ainsi, 9 millions d’euros de taxe de séjour cette année de la part de la plateforme, contre 15 millions en 2019.
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Une nouvelle preuve que le tourisme s’est déplacé ailleurs ces derniers mois : vers les littoraux, certaines petites villes de province, les campagnes et la montagne. Nouvelle preuve aussi que la clientèle internationale n’est pas revenue. C’est elle qui fait le plus cruellement défaut aux hôteliers parisiens et aux grands magasins de la capitale. Cela se retrouve aussi dans les données que publie Airbnb ce matin. L’autre explication est l’augmentation du pourcentage de taxe de séjour voté par les communes. C’est l’un des moyens qu’elles ont trouvé face à la suppression de la taxe d’habitation. C’est une maigre consolation car les ordres de grandeur ne sont pas du tout les mêmes.
Airbnb a fait un don de 5,6 millions d’euros à la Fondation du patrimoine
Certains conseils départementaux instituent une taxe additionnelle, représentant 10% de la taxe de séjour. En communiquant elle-même sur les montants rapportés aux finances publiques on peut dire qu’Airbnb joue les bons élèves. D’ailleurs il y a tout un palmarès de la taxe de séjour reversée par Airbnb. Derrière Paris, on trouve Marseille (1,9 million d’euros), Nice (1,2 million), Cannes (1 million), Bordeaux, (900 000 euros), La Rochelle (840 000 euros), Annecy (830 000 euros) ou encore Lyon (750 000 euros). Airbnb communique également sur de bien plus petites communes. Le Crotoy par exemple, que les connaisseurs de la baie de Somme ont bien en tête, va toucher 50 000 euros, ce qui n’est pas négligeable pour une commune de 2000 habitants.
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En donnant ces chiffres, Airbnb veut que l’on retienne que l’entreprise se soumet aux règles. Longtemps vu comme un pirate de la réglementation, le site américain souhaite être bien vu et s’afficher comme un acteur utile aux territoires. C’est la stratégie suivie en leur temps par McDonald’s ou Coca-Cola. En achetant des salades aux agriculteurs français ou en ouvrant des usines d’embouteillage en France, ces deux géants américains ont pu développer tout un argumentaire sur leur implication dans le tissu économique local. Airbnb va plus loin en ayant annoncé il y a quelques semaines du mécénat : 5,6 millions d’euros ont été donnés à la Fondation du patrimoine dans le cadre d’une stratégie tournée vers le tourisme rural, loin des zones de forte attraction touristique. Enfin, attention à ne pas confondre cette taxe de séjour (qu’Airbnb ne fait que collecter pour le compte des communes), avec les impôts dus par Airbnb sur ses bénéfices. Là aussi, c’est un sujet récurrent de polémique. Les montants, supposément trop faibles, ont alimenté le débat sur la nécessité d’une taxation minimale mondiale des géants du numérique.
François Geffrier