Chaque année, l’opération « Talent Cultura » permet à des auteurs méconnus du grand public de faire connaitre leurs œuvres.
Après avoir été selectionnés par un comité de lecture, ils sont 6 cette année dans la catégorie « Romans » à avoir conquis le coeur du jury Cultura.
En partenariat avec Cultura, Radio Classique vous propose donc de découvrir ces talents. Du 17 au 29 septembre, ils seront mis à l’honneur sur notre antenne et sur notre site internet.
La sélection des talents Cultura 2018
1/ Le malheur du bas – Inès Bayard
ÉDITIONS ALBIN MICHEL

Avant toute révélation qui provoquera les premiers jugements, prenons le temps d’apprécier un instant la silhouette de cette femme morte entourée des siens,
la seule à être restée droite autour de la table. Claire et son mari Laurent vivent une existence paisible et ordinaire, jusqu’au jour où Claire est violée par le Directeur
de l’agence bancaire où elle travaille. Elle choisit de ne rien dire. Enceinte, elle est persuadée que l’enfant est celui de son violeur. Piégée par son silence, isolée au sein de sa propre famille et de son couple, sa détresse la pousse à commettre le pire dans un quotidien d’une insoutenable banalité.
Un énorme coup de coeur pour ce roman »coup de poing »! L’auteur y décrit, avec force et précision, un viol, mais surtout ses conséquences désastreuses pour la vie de la victime et de son entourage (même s’il ignore ce qu’elle a vécu): le dégoût de son corps, le sentiment de culpabilité, la paranoïa, la déchéance… En résumé, la rupture de son équilibre psychique, social, professionnel et familial.
Isabelle, libraire – Cultura Terville.
Découvrez la chronique audio
2/ Frère d’âme – David Diop
ÉDITIONS DU SEUIL

Un matin de la Grande Guerre, Le capitaine Armand si e l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Parmi eux, Alfa Ndiaye et Mademba Diop,
deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à
mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi, tranche les mains de ses ennemis qu’il conserve comme autant de trophées. Au point d’effrayer ses camarades.
Ce roman puissant dévoile l’histoire méconnue des tirailleurs sénégalais lors de la première guerre mondiale. Dans un récit sous forme de témoignage, au rythme lancinant comme une mélopée, Alfa nous raconte sa descente aux enfers. Son esprit, son âme déchirés par l’horreur et l’absurdité des combats vont le faire sombrer dans la folie. Restent ses racines africaines, comme un point d’ancrage dans la tourmente.
Carine, libraire – Cultura Champniers.
Découvrez la chronique audio
3/ Leurs enfants après eux – Nicolas Mathieu
ÉDITIONS ACTES SUD

Août 1992. Une vallée perdue quelque part à l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a 14 ans, et avec son
cousin, ils s’emmerdent comme c’est pas permis. C’est là qu’ils décident de voler un canoë pour aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des
culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.
On se laisse envahir par ce roman qui nous en dit plus et mieux sur notre société que toutes les études sociologiques en la matière. Dans une petite ville banale de médiocrité, la période estivale devient révélatrice de clivages entre des communautés qui pourtant se ressemblent.
Nous nous retrouvons témoins de l’effondrement d’une société industrielle qui n’a pas tenu ses promesses de paix et de fraternité.
Christiane, libraire – Cultura Pince-Vent.
Découvrez la chronique audio
4/ L’âge d’or – Diane Mazloum
ÉDITIONS JC LATTÈS

Fin des années 1960. Rock et pattes d’éph, insouciance et soleil sur la peau satinée des femmes. Ce sont les derniers jours de l’âge d’or du Liban,
mais personne ne le sait encore. Certainement pas Georgina, jeune chrétienne à la beauté troublante. Ni Roland, son premier amour, qui la guette au
bord d’une piscine, dans cette torpeur suave où s’agite leur groupe d’amis noceurs, à l’ombre des conversations d’adultes et des turbines d’avion – grondement de la terreur à venir. Pendant ce temps, Ali Hassan Salameh, fils d’un leader historique palestinien, s’apprête à prendre les armes. Il deviendra l’homme le plus beau
et le plus dangereux du Moyen-Orient.
L’auteur nous fait revivre avec brio cet âge d’or du Liban qui va disparaître avec la guerre civile et la tragédie d’un peuple. Une fresque vibrante où la petite histoire
se mélange à la grande. À découvrir!
Claudia, libraire – Cultura Gespolsheim.
Découvrez la chronique audio
5/Le roi chocolat – Thierry Montoriol
ÉDITIONS GAÏA

En 1910, un journaliste part en Amérique latine inaugurer un opéra et se retrouve captif des Aztèques, mêlé à la révolution mexicaine et aux trafics d’armes. Dégoûté des sauterelles grillées et autres iguanes farcis dont on l’honore, il survit par la grâce d’une boisson fortifiante à base de sucre, banane et cacao pilé. De retour à Paris, il joue aux alchimistes pour réinventer la recette du breuvage sacré et la faire découvrir à ses enfants, au voisinage, puis à la France entière, jusque dans les tranchées.
Quelle histoire ! Ce livre m’a beaucoup plu car il contient un récit d’aventures, le témoignage d’une époque, d’un continent, des croyances aztèques, de l’amour,
du suspense et la véritable histoire de la création d’un produit qui existe encore et qui plait depuis 1917! On ne s’ennuie pas!
Émilie, libraire – Cultura Saint-Doulchard.
Découvrez la chronique audio
6/Le dernier bain – Gwenaële Robert
ÉDITIONS ROBERT LAFFONT

Paris, an II. Tandis que la jeune République s’apprête à commémorer la prise de la Bastille, le député Marat, cloîtré chez lui, immergé dans des bains de soufre, traque les suspects hostiles aux idées nouvelles. Mais l’Ami du peuple a aussi des ennemis. Une jeune Anglaise, un apostat, une blanchisseuse…ils sont nombreux, ceux qui tournent autour du logis de la rue des Cordeliers dans le but, plus ou moins avoué, de hâter sa mort. Pendant trois jours et trois nuits, ils se préparent, tergiversent. Ils ignorent que dans le même temps, une diligence amène à Paris une jeune Normande de vingt-quatre ans, aussi résolue et inflexible qu’une héroïne du tragédien Corneille, son aïeul.
La Terreur. Une page d’histoire déjà bien exploitée mais explorée ici d’un point de vue nouveau: celui du citoyen du peuple qui doute, qui essaye de survivre, qui se dit bien que tout va sans doute trop loin….mais qui cache son ressenti pour ne pas se faire dénoncer et finir à l’échafaud. Ce livre très bien écrit nous fait vivre de l’intérieur cette période tumultueuse de l’histoire de France souvent décrite de façon manichéenne. Très plaisant.
Constance, libraire – Cultura Balma.
Découvrez la chronique audio