Pour la 1ère fois depuis 26 ans, une femme, Nodoka Okisawa, s’est imposée dans le prestigieux concours international des jeunes chefs d’orchestre de Besançon qui fêtait sa 56è édition. En finale elle a devancé le Chinois Li Haoran et le prometteur jeune chef français Victor Jacob.
La précision et la délicatesse de Nodoka Okisawa
C’est grâce à la précision et la délicatesse de sa direction du Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern sur « Constellations », une création mondiale du compositeur français Eric Tanguy (membre du jury), écrite spécialement pour le concours, puis le poème symphonique « Mort et transfiguration » (op.24) de Richard Strauss, que Nodoka Okisawa, 32 ans, a conquis samedi le jury du 56è Concours international des jeunes chefs d’orchestre de Besançon présidé par le chevronné chef d’orchestre et violoniste Yan Pascal Tortelier. La Japonaise également récompensée par les prix du coup de cœur du public et du coup de cœur de l’orchestre. UIne sacrée performance quand on sait que ce Concours de Besançon, créé en 1951, rassemble tous les 2 ans en finale les 20 meilleurs jeunes chefs d’orchestre retenus parmi les 270 candidats sélectionnés à Pékin, Montréal, Berlin et Besançon. Formée à l’Université des Arts de Tokyo, à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin et à la Fondation Felix Mendelssohn Bartholdy, Nodoka Okisawa qui a étudié avec Kurt Masur, rejoint dans le palmarès de grands noms comme Gerd Albrecht, Seiji Ozawa, Michel Plasson, Zdenek Macal, Lionel Bringuier et surtout l’Italienne Silvia Massarelli, l’unique femme distinguée (ex-aequo avec le Japonais Daisuke Soga) en 1993. Grâce à ce prix, doté de 12 000 euros, elle bénéficiera de possibilités d’engagements avec des orchestres partenaires du concours, ainsi que d’un accompagnement artistique de trois mois pour poursuivre sa carrière.
Un jeune chef français également primé à Besançon

Victor Jacob, 28 ans, pourra se consoler, car même s’il a échoué en finale, il s’est vu remettre une « mention spéciale du jury », décernée pour la première fois par le festival, pour « saluer son magnifique travail« . Déjà ½ finaliste en 2017 à Besançon (et Hong Kong), le jeune chef français, ancien violoniste et choriste, diplômé d’un master de direction d’orchestre de la Royal Academy of Music de Londres et du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, confirme sa rapide ascension dans le monde de la direction d’orchestre. Formé auprès de Bernard Haitink au Festival de Pâques de Lucerne, de Marin Alsop à São Paulo ou encore lors des masterclass de David Zinman, il occupera la saison prochaine les postes de chef assistant à l’Orchestre royal philharmonique de Liège et de directeur musical de l’Orchestre des jeunes de l’Orchestre national de Lyon. Une réussite que Victor Jacob doit autant à son talent et sa passion qu’au travail acharné qu’il fournit, tout en restant fidèle à sa belle ligne de conduite : « Être à la bonne place, juste au point magique: toujours au bon degrés de don et de réception ».
Philippe Gault (avec AFP)