Bâtir au disque un programme de lieder de Richard Strauss : comment s’y prendre, que choisir et ne pas choisir ?
Hormis une dizaine d’années d’interruption, le lied accompagne Richard Strauss du début à la fin de sa vie. C’est ce que cet album cherche à refléter, avec un parcours allant des années 1880, le Zueignung op. 10 en lever de rideau –, à l’Opus 87 écrit quarante ans plus tard. Pas question d’oublier des classiques comme Morgen, Ruhe meine Seele, ni le plus rare Notturno avec violon solo. Je pense qu’on perçoit dans ce disque toutes les phases de l’écriture vocale de Strauss, qui se cherche d’abord puis décrit un éventail d’une très large richesse.
Quel est le défi pour un baryton chez Strauss ?
Faire coïncider le grand spectre des émotions humaines avec des tessitures souvent tendues, pourvues de longues notes aiguës et coulées dans un cantabile qui exprime l’amour de Strauss pour la voix humaine: elle était pour lui comme un instrument.
C’est un compositeur que vous avez chanté souvent au récital, mais assez peu sur scène…
C’est vrai. Il y a eu Arlequin dans Ariane à Naxos à l’Opéra de Los Angeles au début des années 1980, Mandryka au Châtelet en 2002, mais je dois dire que Barak, Oreste, voire Jupiter dans L’Amour de Danaé, pour qui j’éprouve une vraie tendresse, m’ont toujours semblé trop dramatiques pour moi.
Quels sont vos projets immédiats à l’opéra ?
J’alterne actuellement beaucoup de Scarpia et de Simon Boccanegra, deux caractères opposés mais que j’aime passionnément. Je me prépare actuellement aux quatre rôles de Vilains dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, en décembre prochain au Metropolitan Opera de New York – façon de me rappeler que j’avais étudié Dapertutto dans une production d’étudiants sous la houlette du grand Martial Singher. Il y aura Le Roi Arthus de Chausson au Palais Garnier en mai 2015, puis à l’été 2016 un ouvrage écrit à mon attention à l’Opéra de Munich. Et enfin le père Miller dans Luisa Miller de Verdi à l’Opéra de San Francisco à l’automne suivant.
Et au disque ?
Je vais produire moi-même un bouquet de mélodies françaises écrites par des compositeurs d’opéras français ; figureront notamment Chausson, Bizet, Chabrier, Massenet – l’éditeur n’est pas connu pour le moment.
Vient de paraître : Notturno de Richard Strauss chez Deutsche Grammophon (avec Wolfram Rieger au piano).
RENCONTRE : THOMAS HAMPSON, TOUT L’AMOUR
Radio Classique
À bientôt soixante ans, avec trente ans de carrière derrière lui,Thomas Hampson est toujours un des meilleurs barytons. Son tout récent disque Richard Strauss le prouve.