Chef honoraire de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig dont il fut le directeur musical pendant six ans, Herbert Blomstedt a fêté en juillet dernier ses 95 ans. Pour ses débuts sous étiquette jaune, le chef suédois a choisi les deux dernières symphonies de Schubert.
L’orchestre symphonique du Gewandhaus est familier du compositeur autrichien
Le chef suédois avait déjà enregistré le cycle symphonique de Schubert avec la Staatskapelle de Dresde dans les années 1980 (chez Warner). Il a tenu à revisiter ces deux œuvres en particulier, aux côtés d’une phalange dont le lien avec Schubert s’inscrit dans une longue tradition. En effet, l’Orchestre du Gewandhaus a donné la création posthume de la Neuvième Symphonie en 1839 sous la direction de Felix Mendelssohn et a contribué à cimenter sa place au cœur du répertoire. Blomstedt observe qu’il n’y a pas de réponse facile à la vieille question de savoir si oui ou non les deux mouvements de l’Inachevée disent tout ce qui doit être dit, malgré l’existence d’un scherzo esquissé. « Deux mouvements à trois temps qui auraient été suivis d’un troisième mouvement à la même métrique – cela représente un défi énorme », note-t-il dans une interview réalisée par Tobias Niederschlag pour la sortie. « Schubert cherchait clairement quelque chose de différent, c’est pourquoi il n’a pas terminé la pièce. » Blomstedt poursuit : « sa dernière symphonie achevée [No. 9] a tout ce qu’il faut pour être vraiment géniale ! Les idées qu’elle contient sont grandes« .
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En plus de s’appuyer sur l’expérience et la sagesse qu’il a acquises en tant que chef d’orchestre (le doyen des chefs en activité), Blomstedt a puisé dans la New Schubert Edition. Il note comment la partition originale de la Huitième Symphonie, écrite à l’été 1822, comprend deux dissonances saisissantes dans le mouvement d’ouverture. Celles-ci ont été « lissées » par Brahms dans ce qui a servi d’édition d’interprétation standard de l’œuvre pendant plus d’un siècle. Ces détails entre autres ont été réintégrés dans la nouvelle édition critique. De même, la partition autographe de Schubert de la Neuvième Symphonie, composée entre 1825 et 1828, comprend de nombreuses corrections et révisions. C’est assurément l’évènement discographique de la rentrée !
Franz Schubert : Symphonies n° 8 « Inachevée » et 9 « La Grande ». Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dir. Herbert Blomstedt (1 CD Deutsche Grammophon)
Jérémie Bigorie
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