L’Akademie für Alte Musik revisite les Concertos brandebourgeois de Bach

Après une mémorable gravure publiée à la fin des années 1990, les musiciens berlinois fêtent le 300ème anniversaire de ces partitions en les remettant sur le métier : jubilatoire !

Entre 1717 et 1723, Bach occupe le poste de maître de chapelle à la cour calviniste de Köthen (au nord de Halle), où l’on se défie de la musique d’église

Créée à Berlin-Est en 1982, l’Akademie für Alte Musik Berlin peut se prévaloir d’un parcours et d’une notoriété exceptionnels : toutes les grandes institutions musicales d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Nord et du Sud l’ont accueillie. Dès 1984, l’Akademie avait sa propre série de concerts au Konzerthaus de Berlin. Dix ans plus tard, c’est la Staatsoper Unter den Linden qui allait l’inviter à participer régulièrement à des productions d’opéra !

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L’ensemble donne une centaine de concerts par an, dans des effectifs très variés allant du concert de chambre à la formation symphonique, sous la direction de ses différents Konzertmeister – Midori Seiler, Stephan Mai, Bernhard Forck et Georg Kallweit – ou de chefs invités : Marcus Creed, Daniel Reuss, Peter Dijkstra ou Hans-Christoph Rademann, par exemple. Près de 25 ans après une première gravure et dans la foulée d’une intégrale des Concertos pour violon, l’Akademie für Alte Musik Berlin et la violoniste Isabelle Faust – flanqués de l’altiste Antoine Tamestit dans les Concertos n° 3 et 6 – livrent leur interprétation des Six Concertos brandebourgeois, cycle majeur de Bach composé durant ses années passées à Köthen. Entre 1717 et 1723, Bach occupe en effet le poste de maître de chapelle à la cour calviniste de Köthen (au nord de Halle), où l’on se défie de la musique d’église. A l’invite du jeune prince Leopold, mélomane et musicien amateur, Bach se voit contraint de renoncer aux cantates du dimanche et élargit le versant profane de sa production.

 

La « pure » virtuosité est bien au rendez-vous

Sous la férule des concertmeitsres Georg Kallweit et Bernhard Forck, la basse-continue, conformément aux pratiques en vigueur à la cour, se voit allégée afin de conférer plus de transparence aux textures du ripieno. Si l’écriture du compositeur se montre précise au niveau de l’ornementation là où un Corelli ou un Haendel, par exemple, offrent davantage de licence aux interprètes, les musiciens l’envisagent avec un surcroît de liberté par rapport à leur précédent enregistrement. On goûtera particulièrement la saveur des trois hautbois du Premier Concerto, entre arabesque (« Adagio ») et vélocité (« Allegro »). Quant à la « pure » virtuosité, elle est bien au rendez-vous, ainsi qu’en témoignent les prestations magistrales du trompettiste Rupprecht Drees dans la redoutable partie du Deuxième Concerto et du claveciniste Raphael Alpermann dans la grisante cadence du Cinquième Concerto. L’alchimie collective n’est pas en reste, portée par une souplesse agogique et une articulation soignée donnant l’occasion aux musiciens de rivaliser de maestria. Jouée avec un tel degré d’accomplissement, la musique de Bach perd ce côté didactique et ronronnant qu’elle dégage par le truchement de médiateurs moins inspirés pour parler autant au cœur qu’à l’esprit.

Jean-Sébastien Bach : Concertos brandebourgeois. Akademie für Alte Musik Berlin. Isabelle Faust (violon), Antoine Tamestit (alto) (2 CD Harmonia Mundi)

Jérémie Bigorie


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