Le programme de la pianiste française nous parle de l’amour, de la mort et de la consolation. La profondeur de l’écriture lisztienne magnifie l’instrument qui devient le vecteur d’une joie intérieure, des joies de l’âme.
« Liszt est le noyau de ma vie de musicienne »
« Joies de l’âme », cette maxime spirituelle du Franz Liszt, devenu prêtre au crépuscule de sa vie (il reçut les ordres mineurs en 1865), traduit la teneur de son œuvre à cette période : le lien avec Dieu, la rédemption, la retraite spirituelle, la lumière au-delà de la matière, tous les thèmes chers à son tempérament mystique sont présents dans sa musique. Claire-Marie Le Guay, pour qui « Liszt est le noyau de ma vie de musicienne », n’en est pas à sa première incursion en territoire lisztien. C’est même sous les auspices du Hongrois qu’elle fit une entrée discographique fracassante en 1994 avec les Douze Etudes d’exécution transcendantes, enregistrées au Festival d’Auvers sur Oise. Les deux Concertos et les Légendes avec l’Orchestre philharmonique de Liège et Louis Langrée (2003), puis l’emblématique Sonate en si mineur dans son album « Vertiges » , paru chez Accord (2011), ont ensuite suivi.
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Claire-Marie Le Guay s’est assuré le soutien d’un partenaire de choix : un somptueux Bösendorfer
Reporté en raison du premier confinement, ce disque marque un jalon supplémentaire à plus d’un titre : en enregistrant les chopiniennes Consolations (le titre est tiré d’un recueil de Sainte-Beuve) – dont les mauvaises langues disent qu’elles constituent les « consolations » réservées aux pianistes amateurs qui ne peuvent aborder les Rhapsodies hongroises -, Claire-Marie Le Guay investit le recoin le plus secret d’un pianisme par ailleurs si flamboyant. Quant aux Funérailles, acmé du cycle Harmonies poétiques et religieuses, elles nécessitent une technique éprouvée (les octaves du milieu ) et une endurance épique que tempère la première partie du programme, marquée du sceau de l’amour : le plus effusif, avec le célèbre Liebestraum ou le plus mortifère, avec la transcription du Liebestod wagnérien. Mais la crépitante Mephisto-Valse nous aura auparavant donné des fourmis dans les jambes. Afin de servir tout le clavier des émotions humaines sur lequel Liszt savait jouer, Claire-Marie Le Guay s’est assurée le soutien d’un partenaire de choix : un somptueux Bösendorfer, aux registres remarquablement équilibrés. Les basses charnues qui ouvrent Funérailles comme les sons filés des Consolations n’auront jamais sonné de manière aussi saisissante.
Jérémie Bigorie
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