Après avoir tourné la page d’une brillante carrière lyrique, Natalie Dessay se concentre sur une nouvelle vie professionnelle centrée autour de la comédie musicale, du théâtre et de la chanson française, nous amenant à nous interroger sur les évolutions de carrière d’un interprète, de son rapport changeant à son instrument ou à sa voix.
Natalie Dessay : « Durant le confinement je me suis réconciliée avec ma voix lyrique »
Natalie Dessay s’est, pendant le confinement, remise au travail, lui permettant de se « réconcilier » avec sa voix lyrique dont elle dit qu’elle se « dégradait à force d’être laissée en friche ». Une voix d’artiste lyrique demande, à l’image d’un « athlète de haut niveau ou d’un mécanisme d’horlogerie », de l’entraînement et beaucoup d’attention. Alors qu’elle a définitivement tourné la page d’une brillante carrière opératique, Natalie Dessay assure qu’elle n’est plus capable de chanter avec la brillance et la virtuosité de sa jeunesse : « ma voix a évolué, je n’ai plus ces aigus stratosphériques (…) c’est comme si quelqu’un d’autre chantait ».
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Natalie Dessay garde énormément d’excellents souvenirs de ces nombreuses années et de ces collaborations avec de nombreux metteurs en scène, dont Robert Carsen, Andrei Serban, Jean-François Sivadier ou Laurent Pelly, qu’elle considère comme son « alter-ego » musical, et dont elle partage « le désir de travailler dans la joie et l’inventivité ». 30 ans de carrière ont également été l’occasion d’évoluer dans un très large champ d’expression, si elle reste plus connue pour ses nombreux rôles de colorature (La Reine de la Nuit, Olympia) où elle reste une référence, Natalie Dessay n’a pas souhaité « être cantonnée aux mêmes rôles ». Même si l’élargissement de son répertoire a nécessité qu’elle « pousse un peu les murs », la soprano a su se réinventer dans des rôles qui étaient, de son propre aveu, pas fait pour sa voix. Natalie Dessay cite notamment La Traviata de Verdi : « je savais très bien que ce n’était pas pour ma voix. Je me suis rattrapé sur le jeu et l’incarnation (…) La Traviata requiert une voix plus grande et avec plus de graves pour être vraiment à l’aise ».
Natalie Dessay : « Je regrette de ne pas avoir fait plus de baroque ! »
« Etant spécialisée dans l’Opéra dû 19ème siècle, qui est un opéra pensé par des hommes ayant un regard sur la femme qui a un peu vieilli, c’est toujours un peu le même rôle de femmes que j’ai chanté », Natalie Dessay regrette donc un peu de n’avoir pas pu ajouter à son répertoire les rôles de « Turandot, Butterfly, Brunehilde, Elektra et Salomé ». La soprano a également rappelé tout l’amour qu’elle porte au répertoire baroque : « je regrette de ne pas avoir fait plus de baroque ! », et notamment à Haendel et ses arias da capo « après un thème A et un thème B, on a un la réexposition ornée d’un thème A’ où on peut s’en donner à coeur joie (…) le musicien prend réellement la parole (…) c’est un feu d’artifice technique mais i faut aussi faire preuve de goût dans ce qu’on apporte ».
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Aujourd’hui, Natalie Dessay travaille à une tout autre carrière, entre comédie musicale, théâtre et chanson française, la chanteuse lyrique a dû retravailler sa voix : « ça n’a rien à voir, la tessiture n’est pas la même, la technique non plus. Il a fallu défaire pour refaire, les techniques d’opéras ne marchent pas dans ce répertoire ». Après avoir vu les concerts de son programme Claude Nougaro annulé, elle espère tout de même « quelques dates cette été », avant de repartir sur des projets théâtraux à la rentrée.
Rémi Monti