Les grands orchestres accusés de contribuer au réchauffement climatique

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Dans une tribune publiée par le site spécialisé Van, Le compositeur français Fabien Lévy s’élève contre les déplacements des grands orchestres qui, selon les estimations, représentent une empreinte carbone considérable et contribuent ainsi au réchauffement climatique. D’après lui, « on ne peut prétendre écrire l’avenir de l’histoire de la musique sans prendre en compte notre manière de vivre sur notre planète ». Une position militante assumée mais qui donne l’occasion d’ouvrir le débat au moment où l’association internationale du transport aérien (Iata) annonce que les compagnies aériennes du monde entier s’engagent à atteindre « zéro émission nette de CO2 » d’ici à 2050.

Le déplacement d’un orchestre de l’autre côté de l’Atlantique représente 150 tonnes de CO2 d’empreinte carbone

« En tant que compositeur, j’ai décidé de réduire considérablement mes déplacements professionnels et privés, même lorsque cela nuit à ma carrière, à mes besoins et à ceux de ma famille ». La position radicale de Fabien Lévy, telle qu’il l’exprime dans une tribune publiée par le site spécialisé Van, a le mérite d’être claire. Le compositeur, qui enseigne à l’École supérieure de musique et de théâtre Felix Mendelssohn de Leipzig, ajoute « j’ai pris l’engagement envers mes étudiants de ne plus inviter de participants qui doivent prendre l’avion spécialement pour participer à nos projets ».

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Pour justifier sa position, Fabien Lévy s’appuie sur le constat selon lequel chaque déplacement aérien d’un grand orchestre (80 personnes en moyenne) en Europe représente environ 20 tonnes de CO2 d’empreinte carbone, 150 tonnes pour les vols transatlantiques et 230 pour les vols transpacifiques. Il cite notamment l’exemple du Philharmonique de Berlin qui se déplacera cette saison à Lucerne, Paris, Aalborg, Aarhus, Malmö, Vienne, Ljubljana, Odessa et Zagreb ou du Carnegie Hall de New York où se produiront le Royal Philharmonic Orchestra (GB), le Philharmonique de Vienne (Autriche) et l’orchestre du Théâtre Mariinsky (Russie).

Réfléchir à un code de « bonne conduite environnementale »

Ce que propose Fabien Lévy, entre autres, c’est que les directeurs de grands orchestres et les organisateurs de concerts prennent en compte ce paramètre « climatique ». À cet effet, le compositeur formule plusieurs propositions « Et si les tournées européennes des grands orchestres pouvaient être regroupées, éliminant ainsi les aller/retours à leur base ? Y a-t-il un moyen pour les festivals et salles de concert de renom d’inviter moins d’ensembles et d’orchestres d’exception ou alors pour des périodes plus longues ?  ».

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Dans sa tribune à Van, Fabien Lévy propose également que les producteurs de concerts modifient le déroulement des tournées de manière à ce que chaque étape soit située à moins de 4 heures de train l’une de l’autre. Il suggère surtout que tous les organisateurs de festivals, les gestionnaires de salle de concert et les responsables d’orchestres internationaux travaillent ensemble et créent une charte éthique et un code de « bonne conduite environnementale ».

Philippe Gault

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