Aujourd’hui chez Laure Mézan, deux invités partageant une même actualité, le Festival d’Automne à Paris. Sur une idée originale du président George Pompidou qui souhaitait promouvoir la culture artistique à Paris, ce festival né en 1972, fait intervenir toutes les formes d’arts : plastiques, vivants, musicaux, théâtraux, etc. La mission du festival se construit autour de cinq mots d’ordre : « passer commande à des créateurs », « aménager des structures de travail entre professionnels français et étrangers », « présenter et susciter des démarches d’ordre expérimental [et] être à l’écoute de tout ce qui vient perturber nos habitudes », « accueillir des œuvres significatives inédites en France » et « témoigner des cultures extra-occidentales ».
C’est à cet ambitieux programme que doit se tenir Joséphine Markovits, directrice artistique en charge de la programmation du festival. Toujours en quête de la rencontre avec l’Autre, elle aime « limer sa cervelle à celle d’autrui » pour reprendre Montaigne. Cette humaniste passe le plus clair de son temps à explorer les cinq continents, à la recherche de pépites musicales, de quoi nourrir son oreille de sons nouveaux. Pétrie par les influences orientales qu’elle cultive depuis son plus jeune âge, elle met à l’honneur les musiques et danses aborigènes à l’édition du festival de 1983. Joséphine Markovitz ne s’arrête cependant pas à l’Extrême-Orient, elle a par exemple contribué à faire la renommée du compositeur américain Steve Reich.
Parmi cette riche programmation, une autre personnalité aux enracinements multiples. Ramon Lazkano, compositeur franco-espagnol né à Saint-Sébastien en 1968 a fait ses études de musique dans sa ville natale, puis à Paris et à Montréal. Il obtient le Premier Prix de Composition du CNSMD de Paris en 1990 puis le Diplôme d’Etudes Approfondies en Musique et Musicologie du XXe siècle à l’EHESS. Compositeur, Ramon Lazkano aime aussi penser la musique de façon théorique. Ses deux séjours à Rome, d’abord à l’Académie Royale d’Espagne puis à l’Académie de France Villa Médicis lui ont permis de développer un propos sur la musique, qui se cristallise autour de la question de l’intertextualité, le silence et l’expérience du son. De cette réflexion découlent des œuvres emblématiques de son travail comme Ilunkor, Hauskor ou Ortzi Isilak. Le 10 octobre, il prendra possession du sublime Théâtre des Bouffes du Nord avec deux autres compositeurs contemporains, Enno Poppe et Luigi Dallapiccola, pour présenter son travail, interprété par le quatuor à cordes Lurralde.
(Ré)écoutez le Journal du Classique ICI