Au programme, la version pour orchestre à cordes de La Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg que le maestro autrichien avait enregistrée au début des années 70 pour Deutsche Grammophon parmi d’autres chefs-d’œuvre des principaux compositeurs de la « Nouvelle Ecole de Vienne » (Schoenberg, Berg et Webern), publication qui eut un retentissement considérable tant l’hédonisme sonore cultivé par Karajan contribua à rendre étonnamment séduisantes des pages réputées exigeantes, même si La Nuit transfigurée (1899), œuvre de jeunesse de Schoenberg, baigne dans un postromantisme capiteux qui doit autant à Wagner qu’à Brahms.
De Brahms justement, était donnée en seconde partie de ce concert la Première Symphonie que Karajan enregistra une dizaine de fois, dès 1943 au Concertgebouw d’Amsterdam, puis à Londres, Vienne et Berlin ! Une interprétation comme décantée, détachée des turpitudes de ce monde, à l’image de l’Adagio de la Symphonie n° 7 de Bruckner (avec le Philharmonique de Vienne), chant du cygne discographique du chef (avril 1989) que Francis Drésel nous propose parmi d’autres compléments de programme, tels le 21e Concerto pour piano de Mozart (Geza Anda en soliste) et la Symphonie n° 4 de Schumann (Staatskapelle de Dresde) captés au Grand Festspielhaus de Salzbourg.