C’est en hommage à Kurt Sanderling, chef fréquemment invité à Amsterdam et décédé en 2011, que Mariss Jansons dirigea ce Requiem allemand les 20 et 21 septembre 2012. De telles circonstances installent alors un climat de recueillement perceptible dès les premières mesures du " Selig sind, die da Leid tragen " d’une douceur et d’une poésie rares. Jansons façonne des textures orchestrales sépulcrales, à la fois denses et détaillées, laissant filtrer les délicats contrechants des bois. Il peut compter sur un choeur puissant et ductile ainsi que sur un orchestre au sommet de son art avec ses cordes soyeuses et murmurantes dans les passages apaisés, denses et rugueuses dans des crescendos à la dynamique impressionnante tels que savaient en ménager Furtwän gler ou Karajan. Ces moments de violence et de théâtralité sont toutefois assez rares, comme nimbés d’un voile de pudeur. Un voile qui disparaît partiellement dans le vaste " Denn wir haben hiekeine bleibende Statt ", mouvement assez déconcertant par sa retenue presque maniérée, notamment dans l’interprétation de la fugue, aux articulations et aux tempi très changeants, oscillations qui provoquent un sentiment de fragilité émouvant.
Les deux solistes participent grandement à la réussite de cet enregistrement : Gerald Finley impressionne par la qualité de sa diction et sa forte présence vocale et Gena Kühmeier, après sa superbe prestation dans l’enregistrement de Nikolaus Harnoncourt (RCA) démontre derechef sa profonde affinité avec cette partition et son aisance dans les registres aigus. Un enregistrement mémorable à placer aux côtés des grandes versions de Furtwängler, Karajan, Klemperer et Harnoncourt.
CHOEUR PUISSANT, ORCHESTRE AU TOP
Radio Classique
Hommage à Kurt Sanderling, ce Requiem allemand dirigé par Mariss Jansons prend naturellement place au côté des plus grandes versions.