Combien de fois la soprano italienne n’a-t-elle pas entendu de réflexions sur ses formes généreuses plus souvent commentées que ses performances vocales et scéniques ? À l’occasion de ses prestations remarquées cet été au Festival des arènes de Vérone, Anna Pirozzi a dénoncé dans le journal Il Corriere ces critiques à l’encontre d’un physique qu’elle assume sans complexe.
Anna Pirozzi: « Les spaghettis améliorent l’humeur. Je ne me retiens pas »
« Trop grosse, trop vieille ! Aucune femme ne voudrait jamais entendre ça. Et personne ne devrait jamais se le permettre, encore moins dans un monde cultivé et élégant comme celui de l’opéra. Et pourtant, ça arrive ». Anna Pirozzi, dans un entretien à Il Corriere, ne cache pas son ressentiment alors qu’elle triomphe depuis début juillet dans le rôle d’Abigaille du Nabucco de Giuseppe Verdi lors de la 98e édition du Festival des arènes de Vérone.
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« Les formes généreuses typiques de tant de sopranos, de Renata Tebaldi à Montserrat Caballé, sont désormais un tabou. La honte corporelle dans le travail devient de plus en plus lourde, mais seulement pour les femmes ! » ajoute la soprano napolitaine qui a débuté très tard, à l’âge de 36 ans, une carrière de chanteuse lyrique qui l’a vue interpréter depuis 10 ans les plus grands rôles du répertoire. Désormais Anna Pirozzi assume son physique sans complexe ni remords. « Pendant le confinement j’ai perdu 16 kilos, mais apparemment ce n’est toujours pas assez. À ce stade, j’ai décidé de ne plus souffrir. Je suis ce que je suis, les spaghettis améliorent l’humeur et je ne me retiens pas » conclut-elle.
Riccardo Muti a lancé la carrière d’Anna Pirozzi en 2013
À Vérone, Anna Pirozzi a interprété pour la centième fois Abigaille, un rôle qu’elle a chanté la 1ère fois en 2013 à Salzbourg alors que Riccardo Muti cherchait une chanteuse pour remplacer la titulaire. Le grand chef d’orchestre italien aurait dit, à la suite de son audition : « Mais elle chante très bien. Où était-elle jusqu’à maintenant ? », question à laquelle la chanteuse aurait répondu « Maestro, j’attendais que vous fassiez appel à moi ! ».
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Anna Pirozzi chantera encore à Vérone dans ce Nabucco dirigé par le chef israélien Daniel Oren le 20 août et le 1er septembre. On pourra également l’entendre, toujours dans les arènes véronaises, le 28 août interpréter Turandot de Giacomo Puccini dans la mise en scène de Franco Zeffirelli, sous la direction de Francesco Ivan Ciampa.
Philippe Gault