La variole du singe se répand en dehors de l’Afrique. Si la France et les principaux pays européens ont recensé des cas sur leur territoire, les professionnels de santé estiment que les foyers épidémiques sont contrôlés et qu’une campagne de vaccination serait contre-productive.
« La maladie se transmet uniquement à cause de contacts très rapprochés »
Les cas d’infection au virus de la variole du singe risquent de s’accélérer sur le Vieux Continent selon l’Organisation mondiale de la Santé. L’évolution de la maladie interpelle les autorités sanitaires. En effet, des centaines de cas ont été recensés dans au moins 11 pays, notamment en Italie, en Espagne, en Allemagne et en France. Si la variole du singe est un virus bien connu, découvert dans les années 50, il circule normalement uniquement dans certains pays d’Afrique australe. Les symptômes de cette maladie sont le déclenchement d’une forte fièvre, puis l’apparition de boutons sur le corps qui se transforment ensuite en pustules.
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Selon, le généticien Philippe Froguel, c’est par les contacts avec la peau que se transmet essentiellement le virus : « cette maladie se transmet par des contacts très proches, par l’échange de vêtements ou lors de relations sexuelles. Cela n’a rien à voir avec la contagiosité du Covid ». Ainsi, les foyers de contaminations arrivent à être bien repérés et tracés. Pourtant une question demeure. Pourquoi ce virus habituellement présent sur le continent africain se retrouve-t-il dans autant de pays à la fois ? L’infectiologue Pierre Tattevin privilégie l’hypothèse d’un seul et unique cluster : « il y a pu avoir des contaminations dans des collectivités qui voyagent beaucoup. Il y a eu une épidémie aux Etats-Unis, il y a quelques années, liée à l’importation de rats de Gambie dans une animalerie. Les rongeurs avaient ensuite contaminé des humains ». Un vaccin existe pour se protéger, utilisé autrefois contre la variole, il est efficace à 85%.
« Le vaccin contre la variole comporte plus de risques que de bénéfices »
Pourtant, selon l’infectiologue Michel Carles du CHU de Nice une campagne de vaccination pourrait encore faire plus de dégâts : « ce vaccin a été arrêté en raison de la différence entre son bénéfice et son risque. Il y avait plus de possibilités de faire des effets secondaires que de répondre positivement à la maladie. Une campagne de vaccination ne serait donc pas adaptée au regard du nombre peu élevé de cas et d’une faible pathologie ». D’après les récents séquençages la variole du singe qui circule en Europe est proche de celle que l’on trouve en Afrique de l’Ouest. C’est la souche la moins virulente qui est responsable d’à peine 1% de décès.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister :