Vaccination : « Il faut aller à la contrainte avec les soignants » affirme Anne-Claude Crémieux

Anne-Claude Crémieux était l’invitée politique de la matinale de Dimitri Pavlenko. L’infectiologue, en charge des maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital Saint-Louis, a évoqué la nette amélioration de la situation épidémique en France.

Variant indien : « Il faut une vaccination de 70% des adultes pour créer un bouclier vaccinal » déclare Anne-Claude Crémieux

Alors que vient d’être annoncé par Jean Castex la fin du couvre-feu avec 10 jours d’avance et la fin de l’obligation du port du masque en plein air, un climat de relâchement s’installe en France. Selon Anne-Claude Crémieux, cette décompression est justifiée au regard de la circulation du virus mais la prudence doit rester de mise : « Il y a incontestablement des bonnes nouvelles, les contaminations continuent à baisser et la couverture vaccinale augmente, ça incite bien sûr à ouvrir encore plus en commençant par les lieux les moins à risque (…) évidemment, l’épidémie n’est pas finie, on est dans une situation de transition et nous ne sommes pas à l’abris d’un rebond ou de l’infiltration d’un variant ».

A lire aussi

 

Au sujet de la prolifération du variant indien en France, dont la présence se diffuse lentement au gré des clusters notamment dans les Landes, en Essonne et à Strasbourg, Anne-Claude Crémieux estime que la France n’emboîtera pas nécessairement le pas de la Grande-Bretagne,  qui a connu une multiplication par 4 de ses cas récemment : « Il y a une leçon à tirer de ce qu’il se passe au Royaume-Uni, c’est qu’il faut une vaccination complète d’une bonne partie des adultes, environ 70%, pour créer un bouclier vaccinal (…) Entre deux doses, la protection est insuffisante (…) Le seul enjeu aujourd’hui est cette course entre la vaccination et le variant ».

 

Covid-19 : « Vacciner les jeunes n’est pas une nécessité absolue » selon Anne-Claude Crémieux

Interrogé par Dimitri Pavlenko sur le réel besoin de vacciner les jeunes et le inquiétudes autour des quelques cas de myocardites provoqués par des injections, Anne-Claude Crémieux invite à prendre du recul et analyser les données de la vaccination de ce public : « Vacciner les jeunes n’est pas une nécessité absolue, mais il faut se demander deux choses, est-ce que la vaccination à 70% des adultes suffira à maîtriser la circulation du virus ? Et est-ce que le vaccin est bien toléré par les adolescents ? Les données sont plutôt satisfaisantes (…) Les cas de myocardites restent rares et très peu sévères ».

A lire aussi

 

 

Selon Anne-Claude Crémieux, la couverture vaccinale des soignants, notamment en Ehpad, est insuffisante (environ 50%). Suite à l’obligation de vaccination adoptée au Royaume-Uni, l’infectiologue préconise une mesure similaire en France : « Si on arrive pas à augmenter cette couverture vaccinale il faudra faire comme les Anglais, car des personnes de 80 ans, même vaccinés, restent fragiles (…) Notre première mission est de protéger les gens (…) Il ne faut pas hésiter à aller à la contrainte avec les soignants dont la mission est de protéger les personnes dont ils s’occupent ».

Rémi Monti

Retrouvez les interviews politiques