Les services psychiatriques sont aussi victimes du manque de personnel dans les hôpitaux publics. Cette pénurie de main-d’œuvre risque d’entraîner la multiplication des traitements maltraitants, ce qui n’incite pas le personnel à s’investir dans ces structures.
« Les malades ont besoin d’humanité, d’écoute et de soutien, pas d’enfermement »
Le 7 juin est une nouvelle journée de mobilisation pour les soignants et autres salariés des hôpitaux publics. Au moins 50 rassemblements sont organisés par l’Intersyndicale et les collectifs de soignants pour réclamer des hausses de salaires et d’effectifs. Depuis de nombreux mois, et juste avant l’été, la pénurie de soignants menace tous les services, et particulièrement les services psychiatriques. En France, 15% des lits d’urgences psy ont été fermés par manque de personnel. Pourtant depuis la crise Covid, les demandes de soins explosent. Les tentatives de suicide ont doublé, en particulier chez les adolescents. En parallèle les soignants démissionnent en masse. Les fermetures de lits et l’afflux de patients sont donc un cocktail explosif qui dégrade totalement la qualité de prise en charge.
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Pour bon nombre de patients la première rencontre avec la psychiatrie est extrêmement brutale. C’est le cas de Fred qui a été admis dans le service psy du CHU de Reims pour une première crise de schizophrénie. Il a été attaché, puis enfermé dans sa chambre. Les médicaments l’ont totalement anesthésié. Pendant des mois, Fred ne s’est jamais senti comme un patient que l’on soigne : « les malades ont besoin d’humanité, d’écoute et de soutien pas d’enfermement. On constate que les soignants restent de moins en moins longtemps. Ainsi, la relation de confiance nécessaire à ce type de traitement ne peut pas se créer ». Les services psychiatriques manquent de bras. Alors la contention et l’isolement devient petit à petit la norme partout.
« Certains patients deviennent invisibles pour les structures de soins et se suicident »
Pourtant un cercle vicieux s’installe car c’est justement pour ce genre de pratique que de nombreux praticiens quittent leur fonction. Comme le psychiatre Mathieu Belhacene qui a quitté l’hôpital public en octobre dernier : « quand on doit valoriser des pratiques maltraitantes la seule solution est de partir. Les infrastructures sont des plateformes de tri de diagnostic mais plus du tout des plateformes de soins. Par ailleurs certains patients qui ne sont pas attachés ni enfermés n’arrivent même plus à l’hôpital. Ils deviennent invisibles pour les structures de soins et se suicident ». Afin de freiner cette spirale infernale les médecins proposent des solutions. Ils préconisent de fidéliser le personnel restant en augmentant les salaires. Ils demandent également depuis des années, l’instauration d’un ratio patients/soignants obligatoire dans tous les services psychiatriques de France.
Rémi Pfister
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