Avec 5 millions de départs, le phénomène de « Grande démission » touche les Etats-Unis. En France, selon une étude Indeed/OpinionWay, 42% des moins de 35 ans envisagent de démissionner. Ces chiffres sont symptomatiques des nouvelles priorités des cadres dans leur travail et soulignent l’importance pour eux d’associer valeur et emploi.
De nombreux Français veulent voir si le travail n’est pas plus épanouissant ailleurs
Les salariés ont le spleen. Selon une récente étude Indeed, réalisée par OpinionWay, 35% des personnes sondées envisagent de quitter leurs postes. Pour les moins de 35 ans, ce chiffre grimpe jusqu’à 42%. Ce phénomène de Grande démission frappe déjà les Etats-Unis, où près de 5 millions de démissions ont déjà été recensées depuis le début de la pandémie. Si l’ampleur n’est pas la même en France, cela commence tout de même à inquiéter. En effet, les Français pourraient suivre l’exemple américain. Entre le télétravail, le flex office, le besoin d’espace et de verdure et la nécessité de déconnecter, de plus en plus de Français semblent aller voir si le travail n’est pas plus épanouissant ailleurs. Stéphanie est l’incarnation d’une carrière réussie. Elle a fait une grande école, est devenue cadre dans une multinationale et affiche sur sa fiche de paie un salaire à 5 chiffres. Pourtant, au début de la pandémie, tout bascule pour elle : « je ne me sentais plus alignée avec le projet d’entreprise. J’ai donc décidé d’agir et de mettre mes compétences au service d’une cause ».
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« La rémunération n’est plus aujourd’hui le critère numéro 1 »
En démissionnant, elle a perdu 60% de son salaire. Qu’importent ses revenus, elle s’est lancée corps et âme dans sa reconversion vers le monde associatif. Écolo dans l’âme, elle a changé de façon de consommer, de voyager et de circuler. Si cela était pour elle une nécessité, elle est également consciente d’être privilégiée : « en tant que cadre on une chance incroyable d’avoir le choix. Ce choix nous oblige et nous donne beaucoup de responsabilités. Je voulais donc avoir une action plus respectueuse de la planète et de l’humain ». Cette quête éthique serait partagée par 1 tiers des cadres. Selon Jean-François Garcia, professeur à l’École de management EM Normandie et auteur de l’étude « La Grande démission », le rapport au travail a changé : « la rémunération n’est plus aujourd’hui le critère numéro 1. Les personnes vont regarder le sens de leur travail. Les valeurs autour de l’écologie jouent également un rôle prépondérant dans la démarche de quitter l’entreprise ». C’est à l’image de Stéphanie qui semble désormais pleinement s’épanouir : « j’ai à la fois l’impression d’être utile et d’être beaucoup plus à ma place. Je sais que je ne reviendrai pas en arrière ». Sans emploi pour le moment, la quadragénaire rêve d’un poste dans une association environnementale ou humanitaire.
Eric Kuoch
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