Reconfinement : « Je ne vois pas comment on peut s’en sortir autrement », affirme Philippe Juvin

Philippe Juvin était l’invité ce mardi 27 octobre de la matinale de Guillaume Durand. Chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, et maire LR de la Garenne-Colombe. Il préconise de réduire encore plus les interactions sociales, notamment les réunions en entreprise. Il appelle également à faire porter des masques aux élèves des écoles primaires.

Tests PCR : Le taux de positivité est passé de 2% en août à 20% aujourd’hui, explique Philippe Juvin

Quelle est l’ampleur de cette deuxième vague de l’épidémie de coronavirus ? Philippe Juvin en a dressé les contours. Après avoir rappelé qu’on ne connaît pas cette maladie, et que « par définition elle est incompréhensible et imprévisible », il a pointé le manque de préparation des pouvoirs publics. Or la situation s’aggrave de jour en jour, a souligné Bernard Poirette, citant les derniers chiffres : 27 000 cas positifs hier en France, mais peut-être est-ce en réalité 100 000 par jour, selon Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique.

 

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Les effets sont perceptibles partout en France, et notamment en région parisienne. « Dimanche, l’APHP a accueilli 170 patients entrants, et il y a eu 68 sortants », a précisé Philippe Juvin, ajoutant que « nos hôpitaux se remplissent à toute vitesse ». Parmi les signaux inquiétants, le taux de positivité des tests PCR au coronavirus : il est passé de 2% en août à 20% aujourd’hui, « des gens qui présenteront des formes de la maladie, dont certains des formes graves » s’est alarmé le chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou. Il souligne que ce taux est même au-dessus des 34% pour les patients de plus de 75 ans.

 

Philippe Juvin affirme qu’il faut ouvrir le maximum de lits : « nous sommes en temps de guerre ».

Conséquence selon Philippe Juvin : « il n’y aura pas de bonnes nouvelles dans les trois prochaines semaines ». « On aurait dû s’y préparer depuis longtemps », explique le maire de la Garenne-Colombe, qui explique ne pas comprendre qu’on puisse être surpris par cette deuxième vague. Que faut-il faire alors ? A cette question de Bernard Poirette, Philippe Juvin répond qu’il faut « ouvrir le maximum de lits pour éviter d’ avoir à déprogrammer des patients, et pour cela il faut du matériel et du personnel que nous n’avons pas ». Il résume son idée ainsi : « Notre administration est une administration de temps de paix, alors que nous sommes en temps de guerre ».

 

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Alors que la question d’un reconfinement est désormais sur toutes les lèvres, Philippe Juvin explique qu’il ne voit pas « comment on peut s’en sortir autrement ». Il faut, dit-il, réduire les interactions sociales par tous les moyens possibles, préconisant notamment d’arrêter les réunions en entreprise. Il plaide toutefois pour « un équilibre entre réduction des interactions sociales et vitalité de l’économie », rejetant l’idée d’un statu quo, qui selon lui « n’est pas tenable ». Faut-il alors fermer les écoles ? Philippe Juvin n’est pas favorable à cette idée, pointant d’autres difficultés qui pourraient naître de cette situation, à court et long terme. Il affirme que le port du masque en primaire est une question « qui va se poser » à la rentrée et se prononce en revanche pour la fermeture des universités, car « ce sont des adultes qui s’infectent ».

Béatrice Mouedine

 

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