Près de 460 000 personnes inscrites à la Primaire populaire peuvent voter jusqu’à dimanche en faveur de celui ou celle qu’ils jugent le plus à même de représenter la gauche à la présidentielle. Il s’agit d’un objet politique non identifié.
Christiane Taubira est la seule personnalité connue qui reconnaît la validité de la Primaire populaire
Cette primaire suscite ricanements à droite et agacement, colère ou curiosité à gauche. A l’origine de tout cela, il y a l’exaspération sincère de militants vis-à-vis de dirigeants politiques, incapables de se mettre d’accord et conduisant, en klaxonnant, la gauche vers le mur de l’extinction. Mais l’initiative citoyenne « sympa » s’est peu à peu transformée en machine à contraindre : les jeunes activistes ont organisé des sit-in devant les QG des candidats récalcitrants, ils ont mis la pressions sur les réseaux sociaux. La vidéo d’un des leaders le montrait même en train de demander à ses troupes de faire campagne afin de dénigrer les candidats de la gauche, pour les affaiblir dans les sondages et qu’ils finissent par s’avouer vaincus et participent enfin à cette primaire étrange. Bilan : aujourd’hui, les concurrents sont alignés de gré ou de force, qu’ils le veuillent ou non ! Parmi les personnalités connues, seule Christiane Taubira, qu’on dit favorite, reconnaît la validité du processus et a promis qu’elle se plierait au résultat.
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Jadot, Mélenchon, Hidalgo, ont prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat
Les autres sont à bout de nerfs et de patience… Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon ont carrément demandé que leurs noms soient retirés de la liste. Anne Hidalgo aussi, mais après un zigzag dont elle a le secret, puisqu’elle a d’abord plaidé en faveur du projet, pour finalement choisir de le rejeter. Mais les organisateurs se fichent totalement de la liberté des candidats : « quand on est candidat on est confronté à des choses qui vous échappent sans votre accord, comme par exemple les sondages », répond le co-fondateur de cette primaire, Samuel Grzybowski, « cela n’a rien à voir avec la liberté ». L’argument est, disons, surprenant, parce que la démocratie a quelque chose à voir avec la liberté, celle des citoyens comme celle des candidats. D’ailleurs, Jadot, Mélenchon, Hidalgo, ont prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat. Ce vendredi matin, la gauche est divisée. Dimanche soir, elle le sera toujours. Mais peut-être un peu plus, puisqu’il y aura peut-être une candidate supplémentaire. Cette primaire aurait, dans ce cas, accompli l’exact inverse de ce qu’elle visait au départ. La droite ricane, vous disais-je à l’instant. La gauche, elle, va finir par n’avoir plus que ses yeux pour pleurer.
David Doukhan